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© Christine Coquilleau

La Nouvelle Seine : la crème de l’humour féministe

En sept ans, à Paris, ce lieu de ren­contres et de décou­vertes artis­tiques
est deve­nu le nou­veau temple de l’humour. Avec une pro­gram­ma­tion
tou­jours plus fémi­nine et féministe. 

C’est une jolie péniche avec une vue impre­nable sur Notre-​Dame. S’y rendre est déjà en soi une pro­messe. D’abord, il faut rejoindre le quai de Montebello, le long de la Seine, à Paris, puis, une fois arrivé·e devant le bateau, s’agripper à la rampe pour des­cendre la pas­se­relle pen­tue qui mène à l’intérieur. Là, un cha­leu­reux res­tau­rant ambiance lou­piottes vous attend, si l’envie vous prend de boire un verre ou d’avaler un plat de sai­son avant le spec­tacle. Car oui, ici, on ne vient pas pour faire le tou­riste sur bateau-​mouche, mais bien pour se bidon­ner en décou­vrant les nou­velles têtes de l’humour fran­çais. Dans la coque de La Nouvelle Seine se cache en effet un char­mant théâtre de plus de 110 places où, depuis sept ans, on peut aller applau­dir la fine fleur de cet art vivant qui n’en finit plus de foi­son­ner dans la capi­tale et bien au-​delà. Blanche Gardin, fidèle, y a joué son pre­mier spec­tacle et tous les autres , mal­gré sa noto­rié­té explo­sive. Guillaume Meurice y a fait ses pre­miers pas. Bien avant d’officier sur France Inter. Tout comme Bun Hay Mean, Yacine Belhousse ou Shirley Souagnon, désor­mais stars dans leur dis­ci­pline. En clair, si aujourd’hui vous vou­lez décou­vrir les talents de demain, c’est là qu’il faut aller.

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Jessie Varin. © Laurence Guenoun
À la recherche de la perle

Derrière ce lieu plein de pro­messes et d’exigence, il y a une femme, Jessie Varin. Il faut dire qu’elle a été à bonne école. Six ans au Point Virgule, lieu mythique de l’humour à Paris, ça forme ! « J’ai com­men­cé comme hôtesse de caisse. Et puis, peu à peu, j’ai grim­pé les éche­lons jusqu’à deve­nir res­pon­sable de la ­com­mu­ni­ca­tion et de la com­mer­cia­li­sa­tion du théâtre et à ­accom­pa­gner la créa­tion d’une autre salle : Le Grand Point Virgule. J’ai vrai­ment appris mon métier là-​bas. Et j’ai décou­vert l’humour à ce moment-​là. Car, à l’époque, ça n’était pas ma culture ! Je ne jurais que par la danse contem­po­raine et le théâtre public. J’étais presque snob sur le sujet », raconte-​t-​elle. Et puis, un jour, l’envie de prendre son envol, de faire ses propres choix se fait sen­tir. Avec l’un de ses col­la­bo­ra­teurs du Point Virgule, ils tapent sur Internet : « Acheter un théâtre à Paris ». Direct, la péniche leur saute aux yeux. Ils visitent. Petits fris­sons inté­rieurs. « C’était un couple qui fai­sait des dîners-​spectacles de magie depuis des années, qui ven­dait. Ce petit théâtre dans la coque nous a tout de suite plu. Mais on avait 30 ans et, en véri­té, pas d’argent. » Alors, Jessie Varin a l’idée de cher­cher un asso­cié pour reprendre le res­to. Elle trouve la perle. Lui a un peu de sous et tombe éga­le­ment sous le charme de l’endroit avec sa com­pagne. En vingt minutes, le com­pro­mis de vente est signé. Et depuis sept ans, eux et Jessie sont asso­ciés et voguent sur les flots en toute harmonie. 

La pêche aux pépites

Et c’est cette har­mo­nie qui per­met à la direc­trice du lieu de déni­cher des petits dia­mants et de chia­der une ­pro­gram­ma­tion tou­jours plus qua­li­ta­tive. « Dès le début, j’ai eu envie de choi­sir des gens à l’humour enga­gé, intel­li­gent, social et poli­tique. L’une des pre­mières artistes qu’on a pro­gram­mées, c’est Audrey Vernon, avec Marx et Jenny, un spec­tacle sur Karl Marx et ­l’économie. Avant qu’elle ne crée, avec le suc­cès qu’on sait, Comment épou­ser un mil­liar­daire, sur les ultra-​riches… Et, aujourd’hui, Billion Dollar Baby, sur l’effondrement éco­lo­gique », décrit Jessie Varin. En toute logique, donc, depuis deux-​trois ans, le fémi­nisme a pris ses quar­tiers à La Nouvelle Seine. La péniche a vu émer­ger Julie Bargeton (Barbue puis Woman is Coming) ; Tania Dutel et son humour trash et libé­ra­teur qui cata­pulte les tabous fémi­nins ; Olivia Moore, qui, après le suc­cès de Mère indigne, car­tonne avec Égoïste sur la qua­ran­taine libé­rée (de mari et d’enfants en bas âge) et la décou­verte de l’amour de soi. Ou encore Mudith Monroevitz, « la réin­car­na­tion ash­ké­naze de Marilyn Monroe », qui signe un show déca­pant sur le consen­te­ment. « L’émergence de spec­tacles fémi­nistes à La Nouvelle Seine s’est faite natu­rel­le­ment, conjoin­te­ment avec l’explosion du sujet dans la socié­té », décrypte Jessie, dont la pro­gram­ma­tion est, c’est assez rare pour être signi­fié, à 70 % fémi­nine. « J’avoue que, ins­tinc­ti­ve­ment, je vais plu­tôt voir des meufs. » Pour déni­cher ces pépites, la boss de La Nouvelle Seine court les fes­ti­vals et les petits come­dy clubs : « Il faut être au bon endroit au bon moment. Ensuite, prendre des risques et ne pas hési­ter à miser sur la qua­li­té plus que sur le buzz. Car les gens suivent. C’est tout l’intérêt d’avoir un lieu à soi. Ça donne cette liberté-​là. » Prochaines humo­ristes dans son viseur : les Belges Fanny Ruwet, dont l’humour noir ne devrait pas man­quer de faire sen­sa­tion, et Farah, « du pur stand-​up », selon les mots de Jessie. Et si les seuls-​en-​scène ne vous disent rien, ne ratez pas le génial Cabaret bur­lesque, tous les ven­dre­di et same­di à 23 heures. En sept ans, le suc­cès ne s’est jamais démenti ! 

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