Au théâtre de l’Atelier, à Paris, Sorcières, l’adaptation scénique de l’essai culte de Mona Chollet fait salle comble.
Une longue file, essentiellement composée de jeunes femmes, s’est formée devant le théâtre de l’Atelier à Paris pour la première de Sorcières, adaptation pour la scène du fameux essai de Mona Chollet, paru en 2018 aux éditions La Découverte. Un ouvrage qui, comme la plupart de ceux de l’autrice, s’est vendu à des centaines de milliers d’exemplaires et a stimulé les cerveaux de toute une génération.
Il faut dire que, dans ce projet enthousiasmant, tous les éléments sont réunis pour se diriger droit vers le succès. Mené tambour battant par le collectif « À définir dans un futur proche », composé de la journaliste Géraldine Sarratia, connue des amateurs de podcast (Dans le genre ; Le goût de M) ; de Melissa Phulpin, créatrice de Tomboy Lab qui accompagne la crème des jeunes artistes musicaux·ales français·es et d’Élodie Demey, directrice de casting pour le cinéma, il ne pouvait que séduire. A elles trois, ces femmes de goût et aux carnets d’adresses étoffé ont réuni le meilleur des actrices et des musiciennes françaises pour porter haut le texte puissant de Mona Chollet. Une première version scénique de Sorcières avait déjà vu le jour au théâtre du Rond-Point en février 2019 dans le cadre du Festival « Nos disques sont rayés » puis à la Maison de la Poésie, à Paris avant de partir pour quelques dates en tournée.
Devant le succès de l’opération, le collectif récidive en grande pompe et jusqu’au 9 novembre. La programmation, tournante, verra défiler sur scène alternativement Anna Mouglalis, Annabelle Lengronne, Ariane Ascaride, Aure Atika, Christiane Millet, Claire Dumas, Clotilde Hesme, Constance Dollé, Eyé Haïdara, Florence Muller, Garance Marillier, Grace Seri, Irène Jacob, Jennifer Decker, Marie-Sophie Ferdane, Suzanne de Baecque, Valérie Donzelli. Un grand « big-band » de femmes, - selon l’expression d’Irène Jacob pour décrire ce projet -, d’âges, de féminités et d’identités différentes soudées autour d’un même texte. Pour les accompagner, une ribambelle de musicien·nes, toutes plus badass les un·es que les autres : Lucie Antunes, Fishbach, Clara Ysé, Mélissa Laveaux, P.R2B, Léonie Pernet, Anne Pacéo, Yoa, et Francky Gogo.
Peu de mise en scène pour ces lectures. Mais un bureau, une jolie lampe posée dessus et des livres disposés ici ou là suffisent à créer une ambiance de salon féministe propice au déploiement de la parole. Toutes ouïes ouvertes pour entendre parler de la figure de la sorcière et de ses réincarnations contemporaines : les femmes sans enfant, celles aux cheveux blancs, ou célibataires. Selon les interprètes et les extraits, on entend tantôt la puissance de la pensée, tantôt l’humour de Mona Chollet. Un beau moment de communion en tout cas, entre la scène et le public. Bien salutaire à l’heure où, comme le dit Anna Mouglalis : « La chasse aux sorcières est loin d’être finie ».
Sorcières, du Collectif À définir dans un futur proche, au Théâtre de l'Atelier à Paris XVIII jusqu'au 9 novembre, tous les mardis et mercredis à 19h.
