Tania Dutel : « J'habite un stu­dio à Paris donc dans ma chambre, il y a autant mon lit que mon micro-onde »

Tania Dutel, c’est la petite sœur d’Amy Schumer et de Blanche Gardin. Cette humoriste qui monte qui monte nous fait rire avec le sillon interfessier, le célibat et le surpoids. Méga cash pistache, elle assène des vérités avec un calme olympien et un air malicieux. Divine !

TANIA DUTEL 1 CREDIT Stéphane Rémael
Tania Dutel © Stéphane Rémael

Causette : Les livres marquants de la « bibliothèque » de vos parents ? 
Tania Dutel : Déjà, ce n’était pas des livres posés sur des étagères à la vue de tous, non. C’était une armoire en bois fermée (autrement dit, on ne voyait pas ce qu’il y avait à l’intérieur) , donc il fallait s’y prendre en quatre temps : avoir l’envie de connaître le contenu, se rendre jusqu’à l’armoire, l’ouvrir, puis s’agenouiller devant pour tout regarder. Ça fait beaucoup de contraintes. 

Les lieux de votre enfance ? 
T. D. : La salle des fêtes et les vignes de mon village, j’y passais mes journées avec Marion. L’été, on « traînait » sous les cerisiers pour manger un max de cerises, jusqu’au jour où un monsieur nous a poursuivies avec sa carabine. Ah bah ! ça a été radical, on n’y a plus refoutu les pieds. On avait un autre plan pour manger des cerises, et rebelote. Visiblement, y a beaucoup de chasseurs dans mon village.

Avec qui aimeriez-vous entretenir une longue correspondance ?
T. D. : Après trente minutes de réflexion pour choisir la bonne personne, je dirais Charles Chaplin. Mais présentement, c’est compliqué. Il me fascine. J’ai vu Les Temps modernes quand j’avais 7 ans et j’ai détesté. J’ai redécouvert ses films plus tard et je les ai considérés différemment. Le gars, quand il avait 5-6 ans, il regardait sa maman chanter sur scène, un soir, elle a eu une extinction de voix, il est monté sur scène pour la remplacer et faire un numéro. Plus tard, il a fait du cirque, il est parti en tournée mondiale. Arrivé aux États-Unis, il joue des petits rôles et, un jour, un réalisateur lui dit : « Va te chercher une tenue ! » Il revient quinze minutes plus tard avec des vêtements et des chaussures trop larges pour lui, une canne et un chapeau melon et c’était parti. Quinze minutes pour trouver une tenue qu’on connaît toujours cent ans plus tard. 

Une grande histoire d’amour avec une personne du même sexe ? 
T. D. : Oprah Winfrey, Emma Watson, Marilyn Monroe, Simone Veil? C’est compliqué… OK, j’ai trouvé, Oprah. Je lui demanderai de me refaire son discours des Golden Globes et on partirait en week-end à Villefranche-sur-Saône pour qu’elle rencontre ma famille.  

Que faites-vous dans vos périodes de dépression ? 
T. D. : J’appelle des gens pour sortir et surtout pas rester seule. Et quand je suis seule, je mange. Faut pas rester seul·e, hein !

Que faites-vous dans vos périodes d’excitation ? 
T. D. : Je planifie ! Nouvel appart ? Bim ! je suis excitée, je recherche des nouveaux meubles et je fais des plans avec des mesures très mauvaises pour voir où je peux tout caler. Captation de mon stand-up ? Oh ! je suis contente. Attends trois minutes, je regarde quelles blagues je vais faire et comment je vais m’habiller. Soirée raclette ? Ne m’en dites pas plus, sinon je saute au plafond, je regarde où acheter la meilleure charcuterie. 

Votre remède contre la folie ? 
T. D. : Bah, j’en ai pas. Pour quoi faire ?

Vous créez votre maison d’édition. Qui publiez-vous ? 
T. D. : Clarence Edgard-Rosa *. Elle est beaucoup trop brillante. 

Vous tenez salon. Qui invitez-vous ?
T. D. : Trump à l’heure du goûter. Je veux comprendre comment fonctionne son cerveau. Et Mac Lesggy parce que ça peut aussi l’intéresser. Ensuite, Édouard Baer pour l’apéro parce que je veux me marier avec lui. Mais ça reste entre nous.

Le secret d’un couple qui fonctionne ? 
T. D. : Si vous le trouvez, dites-le-moi. Ma relation la plus longue a duré deux mois et c’était il y a dix ans. Mais mon pote Jeremy m’a dit qu’il a lu que le secret du couple reposait sur le fait de péter devant l’autre au début de la relation. Si vraiment c’est que ça, quel gâchis toutes ces chasses d’eau tirées inutilement pour couvrir le bruit.

LA chose indispensable à votre liberté ? 
T. D. : Un micro, pour que je puisse parler dedans. 

Le deuil dont vous ne vous remettrez jamais ? 
T. D. : Ma vie avant que j’apprenne l’existence des règles et du vagin. J’ai appris les deux à dix minutes d’intervalle. Ça fait une grosse journée quand même.

Votre phare dans la nuit ? 
T. D. : Pendant vingt-sept jours, mon lit. Pas fun, mais je rigole pas avec mon cycle du sommeil. Et le 28e (la nuit de la pleine lune), toujours mon lit, avec moi énervée dedans parce que j’arrive pas à dormir. 

Que trouve-t-on de particulier dans votre « chambre à vous » ?
T. D. : Déjà, il faudrait avoir une chambre, j’habite à Paris, j’ai un studio... Donc, dans ma chambre, tu peux aussi bien trouver mon lit que mon micro-ondes.

À quoi reconnaît-on un ami ? 
T. D. : Il décroche quand on l’appelle. En le disant, je me rends compte que je ne suis vraiment pas sûre d’avoir des amis.

Quel est le comble du snobisme ? 
T. D. : Se dire écolo mais avoir une salle de bains avec autant de plastique que ­l’estomac d’une baleine. 

La plus belle façon de se donner la mort ?
T. D. : Question suivante SVP.

Qu’est-ce qui occupe vos pensées « nuit et jour » ?
T. D. : Ah bah ! c’est déjà plus gai comme question. Et la réponse va être tellement clichée… Mais c’est la faute aux films romantiques. Je veux tomber amoureuse. Je vous vois déjà lever les yeux au ciel. Mais genre pas amoureuse vite fait, non. Je veux tomber amoureuse comme Rose dans Titanic. Et c’est non négociable.

Vous démarrez un journal intime. Quelle en est la première phrase ? 
T. D. : « J’ai 29 ans et je commence seulement à comprendre la vie. On nous apprend quoi à l’école, sérieux ? »

* Journaliste féministe. Auteure de Les Gros Mots : abécédaire joyeusement moderne du féminisme. Éd. Hugo Doc, 2016.

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