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Sarah Bernhardt ©Arte

Le docu­men­taire "Sarah Bernhardt, pion­nière du show-​business" rend hom­mage à la pre­mière star mondiale

La réalisatrice Aurine Crémieux propose avec son documentaire Sarah Bernhardt, pionnière du show-business, diffusé ce dimanche à 17h45 sur Arte, de redécouvrir une artiste aux multiples talents qui, cent ans après sa mort, n’a rien perdu de son éclat.

Peut-on savoir avec exactitude qui était vraiment Sarah Bernhardt ? Un monstre sacré de la tragédie, c'est certain. Mais pas seulement. Elle fut à la fois comédienne, actrice, écrivaine, artiste peintre, sculptrice, directrice de théâtre mais aussi - et plus étonnant - infirmière pendant la guerre franco-allemande de 1870-1871. L’icône française des arts, qui a fait voler en éclat les codes féminins poussiéreux du XIXe et créa ceux du XXe siècle, a mis en scène sa vie et son talent comme personne avant elle.

On ne peut, hélas, qu'imaginer aujourd’hui le timbre de la « Voix d’or » comme l’appelait Victor Hugo : les rares enregistrements sonores d'elle dont on dispose sont quasi inécoutables. « Vous ne me connaîtrez pas telle que j’ai été », avait-elle d’ailleurs lancé à la postérité en 1903, à l’âge de 59 ans, en écoutant avec horreur l’extrait de Phèdre qu’elle venait d’enregistrer. Sarah Bernhardt n’avait pas complètement tort. Elle incarna tant de rôles différents de son vivant, que cent ans après sa mort, elle semble toujours pouvoir nous échapper.

Le centenaire de sa mort - le 26 mars dernier – est donc une nouvelle occasion d'éplucher ces nombreuses et rocambolesques facettes. Depuis vendredi, une exposition parisienne au Petit Palais lui est même consacrée - jusqu’au 27 août. Lui rendre hommage, c’est aussi l’ambition du documentaire Sarah Bernhardt, pionnière du show-business, d’Aurine Crémieux, diffusé ce dimanche sur Arte à 17h45, qui raconte avec passion, pendant près d’une heure, la personnalité plurielle de la première star planétaire.

Une artiste avant-gardiste

À l’aide d’images d’archives et de collages animés, la réalisatrice explore les grands rôles de sa carrière. Marie Duplessis dans La Dame aux camélias, Cléopâtre, Jeanne d’Arc, Phèdre… Sarah Bernhardt n’a pas seulement joué ces personnages féminins, elle s’est complètement, et d’une façon presque naturelle, substituée à eux. C’est aussi une artiste avant-gardiste qui s’autorise toutes les transgressions. Elle s’amuse par exemple à porter le pantalon et joue des rôles d’hommes sur les planches des théâtres parisiens.

Elle n’hésite pas non plus à se mettre en danger. En 1880, elle claque la porte de la Comédie-Française – pourtant sa poule aux œufs d’or -, ne se sentant plus soutenue par son directeur. Qu'importe, Sarah Bernhardt fonde sa propre compagnie de théâtre. Son talent et sa forte personnalité lui vaudront de multiples tournées mondiales. Des États-Unis à l’Australie, aucune artiste française avant elle n’a rencontré un tel succès au-delà des frontières. Le seul pays dans lequel elle refusera toujours de se produire c’est l’Allemagne, n’acceptant pas la défaite française de 1871.

Une vie fantasque

Si le documentaire aborde l’enfance et l’adolescence de la comédienne, elle ne fait que survoler la première partie de sa vie – tout juste apprend-on qu’au pensionnat, n’étant pas une élève modèle, une maitresse lui jeta de l’eau bénite pour tenter de l’exorciser. Le documentaire s’attarde plutôt sur la vie fantasque de Sarah Bernhardt. « Fille-mère », elle s’amusa à brouiller les pistes sur l’identité du père de son fils Maurice. « Je ne me souviens jamais si c’est Victor Hugo, Léon Gambetta ou le général Boulanger », disait-elle.

Toute sa vie, Sarah Bernhardt fera preuve d’une excentricité folle et novatrice pour l’époque. Elle sera ainsi la première célébrité à remodeler son visage en le confiant à la pionnière de la chirurgie esthétique Suzanne Noël. Chez elle, à Paris, cohabite aussi toute une petite ménagerie exotique : singe, caméléon, tortue, perroquet, serpent et alligator. Alligator qui mourra d’ailleurs d’une overdose de champagne. Des anecdotes de ce genre, le documentaire d’Aurine Crémieux en regorge et c’est ce qui fait sa force, offrant ainsi aux téléspectateur·trices, l'impression toujours délicieuse de pénétrer l’intimité d’une star. Une impression renforcée par la lecture d’extraits des mémoires de Sarah Bernhardt par l’actrice Elsa Lepoivre, sociétaire de la Comédie-Française.

« Trésor national »

Mais la femme ne fut pas seulement une diva fantasque. À travers la caméra d’Aurine Crémieux, on la découvre aussi pleine d’empathie. Tombée en amour pour Belle-Ile-en-Mer, où elle acheta une maison à la fin de sa vie, elle financera par exemple une boulangerie coopérative à la suite d’une tempête qui ruina les bateaux des pêcheurs bretons.

Finalement, Sarah Bernhardt est morte comme elle a vécu : devant les projecteurs. Elle succombe, épuisée, sur le tournage d’un film à l’âge de 78 ans. Ses funérailles - qu'elle aura évidemment organisées en amont - font déplacer les foules à l'image de son immense popularité. Le président Georges Clémenceau disait d’elle en 1914 qu’elle était « notre trésor national ». Cent dix ans plus tard, le documentaire d’Aurine Crémieux atteste qu’elle fait toujours partie des joyaux de notre histoire.

Sarah Bernhardt, pionnière du show business, documentaire d’Aurine Crémieux. Diffusion sur Arte le dimanche 16 avril à 17h45. En replay sur Arte.tv jusqu’au 15 mai 2023.

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