Le style néo-soul enjôleur de la jeune Franco-Américaine de 19 ans cache un tempérament de rebelle.
![La chanteuse Crystal Murray hausse le ton 1 119 crystal murray. because](https://www.causette.fr/wp-content/uploads/2021/02/119_-crystal-murray.-because-686x1024.jpg)
Elle aurait dû arpenter la scène du festival We Love Green en juin dernier, poursuivre par une tournée d’été et finir l’année en beauté en devenant l’une des révélations des Trans musicales de Rennes. Épidémie de Covid oblige, le plan de vol de Crystal Murray en 2020 a été quelque peu perturbé. Une chose est sûre, l’intérêt pour la Franco-Américaine n’est pas près de retomber en 2021.
Il faudra compter en effet sur elle tant le talent de la chanteuse de 19 ans est indéniable. Son premier EP, I Was Wrong, bain de soleil néo-soul, a réchauffé le premier confinement. Pour l’intéressée, ce mini-album est déjà de l’histoire ancienne. Crystal Murray se projette déjà vers la sortie d’un nouvel EP, histoire de brouiller les pistes. « Je veux sortir de la boîte néo-soul-jazz dans laquelle on m’a rangée, prévient-elle. Le prochain mini-album sera plus affirmé. Il prendra une direction, peut-être un peu… choquante. Ce sera plus sec, moins sucré. Je suis comme une enfant rebelle qui ne va pas faire ce qu’on attend d’elle. »
Changer les clichés
Le diable a déjà commencé à sortir de sa boîte. Le récent single, Good Girl Gone Bad (« La gentille fille a mal tourné »), annonce le changement d’attitude. Un shot de deux minutes de trap moite et sexy, tourné chez elle, à Paris, en mode fun. Crystal Murray concentre l’insolence sexy de Rihanna, la fougue incendiaire de Kelis et l’incandescence provocante de Betty Davis. Au micro, la demoiselle a invité sa colocataire, Dian, jeune femme trans et première signature de son propre label baptisé Spin Desire. « J’ai envie, avec ma génération, de créer une armée et de changer les conventions de l’industrie musicale, les codes de la sexualité et les clichés que l’on accole à la couleur de peau. L’année 2020 a marqué une évolution. Ma génération des 2001 n’a plus envie de se laisser dicter son destin par les gens du monde d’avant. »
Fille du jazzman afro-américain David Murray et de la Franco-Espagnole Valérie Malot, productrice de spectacles, Crystal Murray a toujours baigné dans le monde de la musique, mais c’est d’abord dans la mode qu’elle s’est fait connaître. À 14 ans, avec trois copines de lycée, elle fonde le Gucci Gang, dont le sens du style attire sur lnstagram les followers et les marques. Les quatre mousquetaires en baskets perçoivent vite certains dangers. Elles montent Safe Place, une plateforme d’échanges destinée à donner la parole aux victimes de harcèlement et d’agressions. « Safe Place m’a permis de comprendre ma féminité, le sens de la sororité. Aujourd’hui, je laisse Thaïs Klapisch [la fille du réalisateur est aussi sa manageuse, ndlr] s’en occuper. Je suis féministe, mais je suis aussi noire. étant métisse, je pense que j’ai pris conscience de ma couleur de peau plus tardivement. Dans un prochain morceau intitulé Creeps, je clame “Here’s come the freaks”. Les “freaks”, ce sont les racisés. On peut nous qualifier de “bêtes de foire”, mais c’est nous qui sommes au centre de l’attention. »
À l’instar de sa consœur belgo-congolaise Lous and The Yakusa, Crystal Murray veut utiliser l’exposition dont elle bénéficie pour désormais aborder le racisme et les sujets qui fâchent. C’est ce qui s’appelle savoir prendre la lumière.