Un deuxième album d'une beauté imparable.
Un accord d’orgue qui semble s’échapper d’une église, une voix dans l’espace qui nous révèle « être bien dans son bain » alors que dehors se devine le chaos. En quelques secondes, l’ambiance est posée : « Il y a du plomb dans l’Eldorado. » Si la tonalité principale de Divine Morphine, le second disque de Képa, artiste bayonnais, est le blues, la pelote musicale déroule un fil sonore qui transporte l’auditeur bien au-delà du genre. Mais le blues teinte indubitablement ses propres compositions comme ses reprises : le classique Hard Time Killin Floor Blues, de Skip James, avec Rodolphe Burger, ou cette cover organique du Saudade de Cesária Évora.
De sa première vie de professionnel du skateboard, Képa a gardé la grâce, l’équilibre d’un funambule, le sens de la courbe. En français ou en anglais, entre blues, rock extatique, chansons surréalistes teintées d’humour noir et de dérision, armé de sa guitare dobro et de son harmonica, il se faufile, slalome, danse. Animé, hanté même, par une force et une puissance peut-être héritées de sa lutte contre cette maladie auto-immune qui, dans sa seconde vie, l’a laissé longtemps sur le flanc, Képa livre un disque véritablement hors-sol, en apesanteur, d’une beauté imparable.
Extrait de l'album
Divine Morphine, de Képa. Éditions Miliani.