Après l'annulation du concert de Bilal Hassani à Metz, cible de menaces de catholiques intégristes et de l'extrême droite, la ministre de la culture Rima Abdul Malak a assuré mercredi être « très préoccupée » par « les menaces et les attaques » que l'artiste a reçues. En réponse à ses détracteur·trices, ce dernier a chanté une version émouvante de Laissez-moi danser de Dalida, sur le plateau de C à Vous.
La ministre de la Culture Rima Abdul Malak a affirmé, mercredi soir, au micro de France Inter, être « très préoccupée » par « les menaces et les attaques » qu'a récemment reçues Bilal Hassani, l'ayant notamment contraint à annuler son concert dans une ancienne basilique à Metz.
« Ces attaques contre Bilal Hassani, ce sont ni plus ni moins des attaques homophobes, des attaques transphobes. C'est la haine de tout ce qui se rapproche de l'univers queer », a‑t-elle estimé, soulignant qu'il subissait déjà « depuis plusieurs années » un harcèlement sur les réseaux sociaux. Mercredi soir, l'artiste queer aurait dû jouer à guichet fermé dans dans l'ancienne basilique Saint-Pierre-aux-Nonnains, désacralisée depuis plus de 500 ans et devenue salle de concerts et d'expositions. Mais la tenue du spectacle avait notamment été dénoncée par l'organisation catholique intégriste Civitas et le groupuscule identitaire Aurora Lorraine, amenant ses équipes à l'annuler, pour garantir la sécurité de tous·tes.
« Cette basilique n'est plus une église, elle est désacralisée depuis plus de 500 ans, a également rappelé Rima Abdul Malak. Déjà en 1556, elle était devenue un entrepôt militaire jusqu'au XXᵉ siècle et elle est devenue un espace culturel qui accueille des concerts. Donc on ne parle pas d'une église au sens cultuel du terme. Il faut continuer sans relâche à défendre dans notre pays la liberté de création, la liberté d'expression contre tous les intégrismes, contre tous les extrémismes. »
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« Je reste un être humain »
Au même moment, dans l'émission C à Vous, sur France 5, Bilal Hassani indiquait commencer à être « un tout petit peu fatigué », avec des trémolos dans la voix : « Ça fait quatre ans que je suis exposé, je sais ce que j'encours quand je propose ce que je propose, mais je reste un être humain. J'ai 23 ans, j'ai commencé quand j'en avais 19, ça fait beaucoup à porter sur mes épaules. (…) J'aime chanter, danser, je sais que je fais du bien aux gens. Ca fait irruption par moment, je me dis que ça va se calmer, quand ça se calme je peux retrouver mon public et c'est magique. Mais là, c'est vraiment dommage, on commençait une tournée avec ce concert complet, ça a été gâché encore une fois. » Avant de conclure, amer : « J'ai l'impression qu'on avance pas trop, parfois on voit des belles choses arriver, je vois de l'amour et d'un seul coup on recule et ça fait peur un peu. »
À la fin du programme, l'artiste a répondu de la meilleure des manières à ses détracteur·trices, en reprenant avec beaucoup d'émotion une version acoustique du hit de Dalida Laissez-moi danser. Les paroles, simples et limpides, et l'interprétation d'Hassani semblent avoir touché la présentatrice Anne-Élisabeth Lemoine et les journalistes Patrick Cohen, Matthieu Noël et Mohamed Bouhafsi, qui devaient tout simplement penser : laissez-le danser, chanter, en liberté.
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