Sarah Jollien-​Fardel reçoit le Prix du Roman Fnac pour "Sa préférée"

Le roman coup de poing de la Suissesse se retrouve aus­si dans la pre­mière sélec­tion du Prix Goncourt.

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« Ça pou­vait être la viande filan­dreuse du ragoût, un clou de girofle de trop, une feuille de lau­rier trop dure, une carotte trop cuite, des oignons cou­pés trop gros. Ça pou­vait être la pluie ou la cha­leur étouf­fante de la cabine de son camion. Ça pou­vait être rien. Et ça démar­rait. Les cris, la peur, la vul­ga­ri­té des mots, un verre contre un mur, une claque sur le visage de ma soeur ou de ma mère. Je cou­rais sous la table, je fixais le mou­ve­ment des pieds dans cette danse fami­liale trop connue. Parfois, ma mère tom­bait devant moi, lovée en boule sur le sol. Ses yeux criaient la peur, ses criaient "Pars", je déta­lais sous mon lit. » Avec son écri­ture âpre et cise­lée pour racon­ter les vio­lences intra­fa­mi­liales, Sa pré­fé­rée, de Sarah Jollien-​Fardel, vient de rece­voir ce 8 sep­tembre le Prix du Roman Fnac, dont Causette est par­te­naire.

Lire aus­si l Sarah Jollien-​Fardel, Prix du Roman Fnac : « J'ai une empa­thie par­ti­cu­lière pour les per­sonnes empêchées »

Le jury, com­po­sé de 400 libraires et 400 adhérent·es de la Fnac, a donc choi­si de récom­pen­ser le pre­mier roman de la Suissesse publié aux édi­tions Sabine Wespieser, éga­le­ment sélec­tion­né dans la pre­mière liste du Prix Goncourt. Rédactrice en chef du maga­zine Aimer lire des édi­tions Payot, Sarah Jollien-​Fardel, 51 ans, ne se voit pas encore autrice. Elle se le per­met­tra peut-​être quand elle aura publié un deuxième roman. Pourtant, son pre­mier, Sa Préférée, est une défla­gra­tion. En seule­ment deux cent pages, Sarah Jollien-​Fardel mitraille pour dire la vio­lence totale d'un père et d'un mari dans un huis-​clos fami­lial dans le décor du Valais des années 70–90.

Cette région mon­ta­gnarde de la Suisse romande devient un per­son­nage en soi, mena­çant et étouf­fant, auquel l'héroïne Jeanne veut à tout prix échap­per. Fuir l'implacabilité de la vio­lence pater­nelle. Fuir la lâche­té du vil­lage qui sait mais ne dit rien. Fuir le sou­ve­nir d'Emma, sa sœur aînée qui n'a pas sur­vé­cu à l'inceste : c'est aus­si aban­don­ner Claire, la mère sous emprise, qui résiste aux coups et aux humi­lia­tions quo­ti­diennes en s'enfermant dans des rêves secrets, et c'est la double-​peine d'une enfance sinis­trée. Dès lors, com­ment réus­sir à vivre, même entou­rée de per­sonnes bien­veillantes voire amou­reuses quand, comme Jeanne, on prend un nou­veau départ dans une grande ville ? Et com­ment cas­ser le cycle de vio­lences ? Entretien avec l'autrice de ce roman coup de poing.

Lire aus­si l Prix du Roman Fnac : Causette vous dévoile les cinq finalistes

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