Avec Pédés (éd Points), un collectif de huit militants, journalistes, écrivains et artistes, coordonné par le dessinateur Florent Manelli, signe une série de textes personnels qui explorent les homosexualités masculines en France, dans la droite lignée du philosophe et sociologue Didier Eribon.
« Nous sommes des milliers. Des millions. Partout. À avoir été nommés de ces quatre lettres qui font trembler le sol. Pédé. Nous sommes pédés. » Vingt-quatre ans après la publication de Réflexions sur la question gay du philosophe et sociologue Didier Eribon, une nouvelle génération d'homosexuels explorent dans sa droite lignée les homosexualités masculines en France dans le recueil Pédés, publié le 2 juin aux éditions Points, dans leur collection féministe.
Un collectif de huit militants, journalistes, écrivains et artistes, coordonné par le dessinateur Florent Manelli, signe une série de textes personnels qui partent tous de de cette insulte, une expérience commune et ô combien banale. Deux ou quatre lettres qui, le plus souvent, fusent dès l'enfance, avant même que la personne n'ait conscience de sa propre orientation sexuelle, comme le décrit Didier Eribon dans un chapitre de son ouvrage, œuvre canonique citée à de nombreuses reprises par les différents auteurs. Pédés puise dans Réflexions mais lui répond et l'enrichit à travers les multiples points de vue d'où parlent les auteurs, pour certains racisés, trans ou exilés. Rappelant qu'à l'homophobie se joint pour eux le racisme et la transphobie de la société et de leur propre communauté, empêtrée dans ses contradictions.
Accessible, passionnant, parfois un poil trop didactique, Pédés est un livre multiple. À la fois bouée de sauvetage pour ceux qui s'interrogent, n'osent pas ou ne peuvent pas faire leur coming-out ; manuel des luttes homosexuelles actuelles pour ceux qui souhaiteraient porter le combat plus loin ou qui ne se rendent pas compte du chemin qu'il reste à parcourir ; guide pour les hétéros et allié·es qui hésitent, essaient de bien faire ou ne comprennent tout simplement pas ce que c'est que d'être homo en France aujourd'hui. Mention spéciale aux textes de Camille Desombre/Matthieu Foucher, Adrien Naselli, Ruben Tayupo et Nanténé Traoré, qui par leur forme et les histoires qu'ils racontent nous emportent et prolongent instantanément notre propre réflexion sur question gay.