Causette vous propose sa sélection de bandes dessinées : Les Cinq Vies de Lee Miller, de Eleonora Antonion et Les Saveurs du béton, de Kei Lam.
Lee Miller, l’anticonformiste
L’un des clichés les plus célèbres de Lee Miller ? Celui pris par David Scherman où elle pose nue dans la baignoire d’Hitler, à Munich, ultime provocation alors que le dictateur vient de se suicider. Mannequin, muse, photographe de mode, reporter de guerre, cordon bleu à la fin de sa vie… Née en 1907 à Poughkeepsie, dans l’État de New York, elle a toujours mené sa barque en femme et en artiste libre.
![Notre sélection de BD 1 Capture d’écran 2021 06 18 à 18.51.00](https://www.causette.fr/wp-content/uploads/2021/06/Capture-d’écran-2021-06-18-à-18.51.00.jpg)
La dessinatrice Eleonora Antonioni a été subjuguée par la personnalité de cette anticonformiste du XXe siècle. Sauvée d’un accident de voiture en plein New York par le magnat de la presse Condé Nast – qui est séduit par ses traits réguliers –, elle fait la couverture de Vogue en 1927. À Paris, en 1929, elle est l’amie d’Éluard et la modèle de Picasso. Grande amoureuse, elle compte Man Ray parmi ses amants et invente avec lui la technique photographique de la solarisation.
Intrépide, en 1944–45, elle est encore dans les pages de Vogue mais comme correspondante de guerre, seule femme photographe à suivre les armées alliées. Ses clichés du camp de Dachau bouleverseront le monde. Une vie romanesque racontée par un trait raffiné, noir et blanc, avec d’élégantes touches sépia. Une belle mise en lumière d’un destin hors normes qui cache aussi des fêlures
![Notre sélection de BD 2 Capture d’écran 2021 06 18 à 18.36.06 1](https://www.causette.fr/wp-content/uploads/2021/06/Capture-d’écran-2021-06-18-à-18.36.06-1.jpg)
Les Cinq Vies de Lee Miller, de Eleonora Antonioni,
traduit de l’italien par Laurent Lombard.
Éd. Steinkis, 157 pages, 20 euros.
La cité des invisibles
![Notre sélection de BD 3 Capture d’écran 2021 06 18 à 18.43.30](https://www.causette.fr/wp-content/uploads/2021/06/Capture-d’écran-2021-06-18-à-18.43.30.jpg)
Dans Banana Girl, Kei Lam racontait son arrivée à Paris avec ses parents à la fin des années 1980. Elle avait 6 ans, et sa famille avait en effet quitté Hong Kong pour la France. Dans Les Saveurs du béton, qui ressemble dangereusement à un deuxième tome, elle poursuit, avec l’humour et la sincérité qui la caractérisent, son autobiographie dessinée. Cette fois, elle se concentre sur ce passage entre la fin de l’enfance et le début de l’adolescence. Mais dépeint surtout son déménagement vers une cité de la banlieue parisienne. Et sa vie dans un (très !) grand ensemble du quartier de La Noue, à Bagnolet (Seine–Saint-Denis), où, après avoir dormi dans des chambres de bonne et des appartements partagés avec d’autres immigrés chinois, ses parents décident d’acquérir un trois-pièces.
L’air de rien, Kei Lam aborde un tas de thématiques passionnantes : les problématiques urbanistiques de ces grands ensembles, les abus de pouvoir des promoteurs immobiliers, l’abandon des pouvoirs publics face à la dégradation de certains immeubles, le racisme ordinaire, l’enfer administratif pour obtenir des papiers, mais aussi la richesse de la diversité culturelle de La Noue, les amitiés qu’elle y a tissées, son attachement à ce territoire. En racontant son histoire, son quotidien, ses parents, elle participe aussi à désinvibiliser la communauté asiatique en France et en propose une représentation aussi tendre que nécessaire.
![Notre sélection de BD 4 Capture d’écran 2021 06 18 à 18.43.11 1](https://www.causette.fr/wp-content/uploads/2021/06/Capture-d’écran-2021-06-18-à-18.43.11-1.jpg)
Les Saveurs du béton, de Kei Lam.
Éd. Steinkis, 224 pages, 20 euros.