Notre sélec­tion de BD

Causette vous pro­pose sa sélec­tion de bandes des­si­nées : Les Cinq Vies de Lee Miller, de Eleonora Antonion et Les Saveurs du béton, de Kei Lam. 

Lee Miller, l’anticonformiste

L’un des cli­chés les plus célèbres de Lee Miller ? Celui pris par David Scherman où elle pose nue dans la bai­gnoire d’Hitler, à Munich, ultime pro­vo­ca­tion alors que le dic­ta­teur vient de se sui­ci­der. Mannequin, muse, pho­to­graphe de mode, repor­ter de guerre, cor­don bleu à la fin de sa vie… Née en 1907 à Poughkeepsie, dans l’État de New York, elle a tou­jours mené sa barque en femme et en artiste libre. 

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©DR

La des­si­na­trice Eleonora Antonioni a été sub­ju­guée par la per­son­na­li­té de cette anti­con­for­miste du XXe siècle. Sauvée d’un acci­dent de voi­ture en plein New York par le magnat de la presse Condé Nast ­– qui est séduit par ses traits régu­liers ­–, elle fait la cou­ver­ture de Vogue en 1927. À Paris, en 1929, elle est l’amie d’Éluard et la modèle de Picasso. Grande amou­reuse, elle compte Man Ray par­mi ses amants et invente avec lui la tech­nique pho­to­gra­phique de la solarisation. 

Intrépide, en 1944–45, elle est encore dans les pages de Vogue mais comme cor­res­pon­dante de guerre, seule femme pho­to­graphe à suivre les armées alliées. Ses cli­chés du camp de Dachau bou­le­ver­se­ront le monde. Une vie roma­nesque racon­tée par un trait raf­fi­né, noir et blanc, avec d’élégantes touches sépia. Une belle mise en lumière d’un des­tin hors normes qui cache aus­si des fêlures

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Les Cinq Vies de Lee Miller, de Eleonora Antonioni,
tra­duit de l’italien par Laurent Lombard.
Éd. Steinkis, 157 pages, 20 euros.

La cité des invisibles
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©DR

Dans Banana Girl, Kei Lam racon­tait son arri­vée à Paris avec ses parents à la fin des années 1980. Elle avait 6 ans, et sa famille avait en effet quit­té Hong Kong pour la France. Dans Les Saveurs du béton, qui res­semble dan­ge­reu­se­ment à un deuxième tome, elle pour­suit, avec l’humour et la sin­cé­ri­té qui la carac­té­risent, son auto­bio­gra­phie des­si­née. Cette fois, elle se concentre sur ce pas­sage entre la fin de l’enfance et le début de l’adolescence. Mais dépeint sur­tout son démé­na­ge­ment vers une cité de la ban­lieue pari­sienne. Et sa vie dans un (très !) grand ensemble du quar­tier de La Noue, à Bagnolet (Seine–Saint-Denis), où, après avoir dor­mi dans des chambres de bonne et des appar­te­ments par­ta­gés avec d’autres immi­grés chi­nois, ses parents décident d’acquérir un trois-pièces. 

L’air de rien, Kei Lam aborde un tas de thé­ma­tiques pas­sion­nantes : les pro­blé­ma­tiques urba­nis­tiques de ces grands ensembles, les abus de pou­voir des pro­mo­teurs immo­bi­liers, l’abandon des pou­voirs publics face à la dégra­da­tion de cer­tains immeubles, le racisme ordi­naire, l’enfer admi­nis­tra­tif pour obte­nir des papiers, mais aus­si la richesse de la diver­si­té cultu­relle de La Noue, les ami­tiés qu’elle y a tis­sées, son atta­che­ment à ce ter­ri­toire. En racon­tant son his­toire, son quo­ti­dien, ses parents, elle par­ti­cipe aus­si à dés­in­vi­bi­li­ser la com­mu­nau­té asia­tique en France et en pro­pose une repré­sen­ta­tion aus­si tendre que nécessaire. 

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Les Saveurs du béton, de Kei Lam.
Éd. Steinkis, 224 pages, 20 euros.

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