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Les 20 plumes fémi­nines : Carole Martinez

Cette année encore, on risque de se faire assom­mer par la vague des sor­ties de livres à l’occasion de la sacro-​sainte ren­trée lit­té­raire. Et pour affron­ter l’autre deuxième vague – au cas où on nous recon­fi­ne­rait –, mieux vaut s’armer de bonnes lec­tures. Causette n’a choi­si que des autrices. Discrimination posi­tive assu­mée. Des plumes belles et rebelles qui ne devraient pas vous lais­ser indemnes. Voici celle de Carole Martinez.

114 Carole Martinez © Francesca Mantovani
© Francesca Mantovani

Prix Goncourt des lycéens en 2011 pour son deuxième roman, Du domaine des mur­mures, Carole Martinez avait reçu pas moins de seize récom­penses pour son pre­mier, Le Cœur cou­su, en 2007, qui racon­tait l’histoire d’une gué­ris­seuse dans l’Espagne du XIXe siècle. Or, ce nou­veau livre, Les Roses fauves – son qua­trième (l’art du roman est l’art de bien prendre son temps) –, résonne étran­ge­ment avec ce Cœur cou­su. En effet, l’autrice y raconte com­ment, alors qu’elle était en rési­dence d’auteur en 2009, elle s’est fait appro­cher par une lec­trice qui lui racon­ta une cou­tume anda­louse : quand une femme sen­tait la mort venir, elle bro­dait un cous­sin en forme de cœur, qu’elle bour­rait de papiers sur les­quels étaient écrites ses confes­sions. À sa mort, sa fille aînée en héri­tait. Des années après, Carole Martinez fait de sa lec­trice un per­son­nage fic­tif, nom­mé Lola, qui lui ouvre les cœurs de tis­su de ses aïeules. Nous en lirons quelques contenus. 

C’est trou­blant, tra­gique, sai­sis­sant, d’autant que les figures des ancêtres rejoignent en cer­tains points les des­ti­nées fémi­nines que Carole Martinez avait com­po­sées dans ses romans pré­cé­dents, situés entre les XIIe et XIXe siècles : mau­dites, dam­nées, mais libres et debout. Ces Roses fauves sont un objet lit­té­raire plu­riel, qui tient à la fois du making-​of roma­nesque, de l’autofiction, de per­son­nages en quête d’auteur, mais aus­si de jeu avec le lec­teur. Carole Martinez le sait bien : le roman est aus­si l’art de la ruse…

Les Roses fauves, de Carole Martinez. Éd. Gallimard, 352 pages, 21 euros.
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