Pandora
Un an après sa dernière parution, la superbe revue dessinée Pandora est de retour avec un tome 5 de très haute volée. On ne saurait vous conseiller meilleure lecture sur la plage ou sur un transat à l’ombre d’un tilleul. Au programme, des productions originales de toute la fine fleur de la bande dessinée contemporaine. Et de quelques « anciens » qui viennent assurer leur soutien et ponctuer le tout du poids de leur légitimité. C’est Blain qui signe la si cool couverture, tandis que Nicolas de Crécy revisite Le Capital au XXIe siècle dans quelques tableaux savoureux ou que Blutch se glisse dans les pantoufles de Mœbius. Côté nouvelle vague, on dévore les tranches de vie saisonnières d’Anne Simon, le trait spleenétique de Daphné Collignon, la leçon de vie à deux roues d’Alfred, les jeux débiles et hilarants de Nix, les histoires de capotes en colo de Chloé Wary, les souvenirs de vacances pourries au Club de notre cher Terreur Graphique (par ailleurs collaborateur à Causette) ou celles, post-bac, entre copains boutonneux, d’Isao Moutte. Sans oublier l’inénarrable récit crayonné de Camille Vannier qui nous raconte comment, bourrée au moment de faire sa valise, elle a passé un été sans pantalon. À chaque auteur, chaque autrice (plus de soixante en tout !), son univers, son trait, son histoire. N’abîmez pas trop Pandora sur la plage, car il aura toute sa place dans votre bibliothèque à la rentrée
Pandora, éd. Casterman, 280 pages, 19 euros.
Peau d'homme, d'Hubert et Zanzim
Voici une fable sur le désir, l’identité de genre, la sexualité et la tolérance, qui a du panache ! Petit bijou drôle et délicat, Peau d’homme est l’œuvre du binôme Hubert (au scénario) et Zanzim (au dessin). Dans l’Italie de la Renaissance, Bianca, charmante demoiselle, est promise à Giovanni, un riche marchand très plaisant. Mais Bianca ne sait rien de son futur et s’en désole… Heureusement, les femmes de sa famille se transmettent secrètement de génération en génération un passeport pour la liberté : une peau d’homme qu’il suffit de revêtir pour se transformer en garçon et partir à la découverte du monde. Bianca devient donc Lorenzo et ne tarde pas à séduire Giovanni, dont le penchant naturel va aux jeunes mâles. Tous deux vivent une passion dévorante. Or seule Bianca connaît la vérité. Quand Giovanni devient son mari, Bianca déchante. Mais le temps passant, les deux époux finissent par devenir bons amis et feront front commun contre le fanatisme de l’Église catholique aussi misogyne qu’homophobe. Quand on sait que le scénariste Hubert (qui a mis fin à ses jours en février) avait écrit cette fable comme une réponse aux Manifs pour tous de 2012, le récit prend toute son ampleur et sa force. Un coup de maître !
Peau d’homme, d’Hubert et Zanzim. Éd. Glénat, 172 pages, 27 euros.
