![La sélection BD de mai 2019 1 Page 23 de Il fallait que je vous dise completdef 1](https://www.causette.fr/wp-content/uploads/2020/02/Page-23-de-Il-fallait-que-je-vous-dise-completdef-1-790x1024.jpg)
Il fallait que je vous le dise, d’Aude Mermilliod
Comme 56 millions de femmes dans le monde chaque année, selon l’OMS, Aude Mermilliod a eu recours à un avortement. Jeune et serveuse à Bruxelles (Belgique), elle tombe enceinte, bien qu’elle ait un stérilet, d’un garçon avec qui elle a couché pour se consoler d’une rupture douloureuse. Alors, voilà. Ce n’est pas le moment. Des années plus tard, devenue dessinatrice, elle a ressenti le besoin de raconter son expérience de l’intérieur. Tout simplement parce que ce qui se passe alors dans son corps et dans sa tête, les phrases maladroites de certains médecins, il fallait qu’elle les dise. La force de ce récit, c’est qu’il va au-delà du témoignage, de l’autre côté du miroir. Dans la deuxième partie de l’ouvrage, Aude Mermilliod raconte sa rencontre avec le célèbre médecin Martin Winckler, auteur du Chœur des femmes, farouche défenseur de l’avortement. Il lui parle de son père, médecin lui aussi, qui pratiquait des IVG clandestines, du jour où la loi Veil a été votée, puis de toutes ces femmes en détresse croisées sur son chemin. Au début de sa carrière, bourré de bonnes intentions, il veut sans cesse dire aux femmes comment faire pour ne pas tomber enceinte, ne voulant plus les voir souffrir. Mais un jour, une collègue lui fait gentiment remarquer qu’il pratique un paternalisme bienveillant. Martin Winckler s’est depuis attaché à accueillir ses patientes sans jamais porter de jugement. D’autres feraient bien d’en prendre de la graine.
Il fallait que je vous le dise, d’Aude Mermilliod. Éd. Casterman, 160 pages, 22 euros.