Chaque mois, un auteur, une autrice, que Causette aime, nous confie l’un de ses coups de cœur littéraires.

Étudiant en médecine, j’ai un jour été confronté à la mort d’un enfant. Pourquoi cet enfant était-il mort ? Pourquoi ses parents et ses grands-parents devaient-ils souffrir de son absence en lui survivant ? Pourquoi l’ordre des choses avait-il été bousculé ainsi ?
Plusieurs semaines ont passé, où j’ai eu à subir un délabrement moral majeur, cherchant désespérément des réponses à mes questions, me tournant vers la verticalité des religions, n’y trouvant rien de bien satisfaisant (toutes faisaient appel à un infra-monde dont le coût cognitif me paraissait trop onéreux).
C’est le hasard, finalement, qui m’a mis face à ce livre, Le Gardeur de troupeaux, de Fernando Pessoa. Un ouvrage singulier. Écrit d’une traite par le poète portugais, dans un moment de transe ou de fulgurance prophétique, tel qu’il la décrit lui-même.
« Un jour […] – c’était le 8 mars[…]