Cadeaux de Noël : trois livres à offrir sur les femmes et la musique

Pour un Noël en chan­tant, et en lisant, trois livres unis par une même idée : place aux femmes dans la musique !

“Féminismes et musiques” , de Morgane Giuliani

Spécialisée dans la pop culture, qu’elle traite sous le prisme fémi­niste (hier pour le site de Marie Claire, aujourd’hui en indé­pen­dante), la jour­na­liste Morgane Giuliani publiait cet automne son pre­mier livre : Féminismes et Musiques. Au plu­riel parce qu’“il n’existe pas un seul fémi­nisme, mais des fémi­nismes propres à dif­fé­rentes situa­tions d’oppression”, et aus­si pour divi­ser “la musique popu­laire en trois grands cou­rants : pop, hip-​hop et rock”. En 2023, elle traite le pre­mier cou­rant (et annonce deux autres livres sur les autres). Son fil est clair : “La pop est une musique lar­ge­ment mépri­sée, car elle est sur­tout fémi­nine depuis Madonna. Elle offre une vision assez homo­gène de la condi­tion des femmes, de l’amour et du sexe, tour­née vers l’hétérosexualité et l’hypersexualisation”. Avec force docu­men­ta­tions (presque trop) et exemples, elle raconte des périodes, des stars, dans leur époques et dans leurs contra­dic­tions. Les années 1980, celles de Madonna, icône fémi­niste contrainte et contes­tée, alliée LGBTQIA+ et mili­tante anti-​VIH. Les années 1990, celles des Spice Girls, le girl power dépo­li­ti­sé. Les années 2000–2010, celles de Beyoncé et Taylor Swift, celles du fémi­nisme pop, plu­riel, inclu­sif, inter­sec­tion­nel. Ne cédant pas à l’idéalisme, Giuliani sou­ligne la timi­di­té de l’industrie musi­cale, fran­çaise comme amé­ri­caine, face au séisme #MeToo. Pour ini­tiées comme pour passionnées.

“Femmes de rap”, de Naomi Clément

Journaliste musi­cale (Les Inrocks, Konbini) et ani­ma­trice (Apple Music), Naomie Clément est spé­cia­li­sée hip-​hop et R&B. Femmes de rap est un ouvrage court, illus­tré, qui reprend des entre­tiens menés avec neuf femmes influentes qui ont par­ti­ci­pé à méta­mor­pho­ser et fémi­ni­ser la scène fran­çaise : la pho­to­graphe Sophie Bramly (conseillère pour l’émission pion­nière H.I.P.H.O.P. avant de par­ti­ci­per à la créa­tion de la chaîne MTV Europe), Nicole Schluss (ex-​manageuse d’Oxmo Puccino), Leïla Sy (réa­li­sa­trice de clips), Juliette Fievet (jour­na­liste deve­nue rap­peuse), Pauline Duarte (direc­trice du label Epic Records), Narjes Bahhar (res­pon­sable édi­to­riale rap fran­çais chez Deezer) et, enfin, les rap­peuses Lala &ce, Vicky R et Davinhor. Ces témoi­gnages “de l’intérieur” retracent la pre­mière vague de “rap­peuses conscientes et afro­cen­triques” (Queen Latifah), celle des années 1990–2000, quand Lil’Kim et Foxy Brown bous­cu­lèrent les codes en affir­mant leur sexua­li­té, voire en par­lant comme les hommes, et enfin celles qui, aujourd’hui, se frayent un che­min pour “inven­ter de nou­velles règles dans le rap game”.

“Les femmes musi­ciennes sont dan­ge­reuses”, d’Annie Coste

Pour finir, repre­nons de la hau­teur, et obser­vons l’Histoire avec ce livre luxueux. Le pre­mier d’Annie Coste, musi­cienne et confé­ren­cière spé­cia­liste de la place des femmes dans la musique, créa­trice d’un site dédié. Traversant les siècles, l’autrice tra­verse aus­si les genres musi­caux et replace au pre­mier plan des figures et des œuvres demeu­rées inau­dibles et invi­si­bi­li­sées. (Re)découvrez alors les “pre­mières rebelles” : Lipushian (2380 avant notre ère !), prê­tresse uti­li­sant les per­cus­sions comme porte d’entrée vers le divin ; Sappho de Mytilène, musi­cienne de l’île de Lesbos ; Hildegarde de Bingen, “trans­gres­sive et géniale” ; Élisabeth Jacquet de la Guerre, à la cour de Versailles, à qui on doit le pre­mier opé­ra jamais com­po­sé par une femme (Céphale et Procris, 1694). Lisez les savantes du XIX^e siècle, les conqué­rantes de l’ère moderne, les jazz­wo­men, les Afro-​Américaines du XX^e et toutes les puis­santes qui les ont sui­vies. L’ouvrage se referme sur Lady Gaga et Lizzo, mais sur­tout sur un QR Code don­nant accès à une play­list conséquente.