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Bevin house © Consuelo de Saint-Exupéry

“L’envol des cou­leurs”, une expo­si­tion à la décou­verte de Consuelo de Saint Exupéry

La gale­rie Menouar à Paris pré­sente jusqu'à dimanche une rétros­pec­tive de l’artiste Consuelo de Saint-​Exupéry. Pour cette expo­si­tion, une tren­taine d'œuvres hautes en cou­leur ont été sélec­tion­nées, per­met­tant de décou­vrir l’univers exal­té de cette artiste davan­tage connue pour être la femme d'Antoine de Saint-Exupéry. 

Qui est Consuelo de Saint-​Exupéry, cette incon­nue au nom si connu ? Avant d’être la femme du célèbre écri­vain Antoine de Saint-​Exupéry, Consuelo de Saint-​Exupéry a d'abord été une artiste-​peintre de grande noto­rié­té. Née le 10 avril 1901 en Amérique Centrale, à Armenia, une petite ville du Salvador, cette peintre s'est envo­lée à l'âge de vingt ans pour l'Académie des Beaux-​Arts de San Francisco aux États-​Unis avant de ren­con­trer, à Paris, son deuxième mari, Enrique Gomez Carrillo, écri­vain et cor­res­pon­dant de presse. Grâce à ce mariage et ses allers-​retours entre la France et l'Amérique, elle ren­con­tra dans les années qui sui­virent les plus grands de son milieu : Derain, Maillol, Dali, Man Ray et Picasso qui ont ins­pi­ré ses propres tra­vaux et sa pein­ture. Largement expo­sées entre 1949 et 1978 en France, mais aus­si de l’autre côté de l’Atlantique, trente-​quatre de ses œuvres font aujourd’hui l’objet d'une rétros­pec­tive, L'envol des cou­leurs, à la gale­rie Menouar à Paris, débu­tée le 23 mars et visible jusqu'au 2 avril. 

Depuis quelques jours, la vitrine de cette gale­rie nichée dans le marais rayonne de ces cou­leurs chères à l'artiste. Elle y abrite deux des tableaux de Consuelo de Saint-​Exupéry. À droite, le tableau Bevin House aux cou­leurs pas­tel rose et vert – qui font écho aux aqua­relles réa­li­sées par Antoine de Saint-​Exupéry pour illus­trer son Petit Prince publié en 1943 – invite à la contem­pla­tion et au voyage. Ce tableau repré­sente la rési­dence amé­ri­caine dans laquelle le mythique roman de son mari a été écrit. Loin d’être une source d’ombre à sa noto­rié­té, Antoine a été une pro­fonde source d’inspiration pour les œuvres de Consuelo. À peine la porte de la gale­rie pas­sée, l'autoportrait de l’artiste, dont l’étrange res­sem­blance avec le Petit Prince est frap­pante, nous rap­pelle que Consuelo a tou­jours été l'illustre Rose dans l'histoire du Petit Prince.

autoportrait de consuelo realise en 1934
À gauche, un auto­por­trait (1934) et à droite, son Petit Prince au fémi­nin (cir­ca 1942) © Consuelo de Saint-​Exupéry et famille Martinez-Fructuoso

De gauche à droite et de bas en haut, les mul­tiples cou­leurs des tableaux expo­sés illu­minent la gale­rie. Toutes les œuvres de l'artiste ont été ins­pi­rées par ses ren­contres et ses voyages. Le par­cours de l’exposition nous fait visi­ter l’Amérique cen­trale, le Maroc et Paris, en pas­sant par New York. Des cou­leurs chaudes pour les pays du sud et des cou­leurs plus ternes pour ses tableaux pari­siens, en écho avec ses émo­tions de l'époque liées à la perte de son mari, mort en 1944 après la dis­pa­ri­tion de son avion de guerre en mer Méditerranée. Consuelo de Saint-​Exupéry est une artiste sou­vent rat­ta­chée au cou­rant sur­réa­liste, pour s'être liée d’amitié avec les peintres du groupe. Dans cette gale­rie pari­sienne, les tableaux de l'artistes s'entremêlent à ses fusains sur papier, repré­sen­tant pour cer­tains des corps fémi­nin. Des cro­quis à l'image de cette artiste enga­gée qui ne s’est jamais conten­tée d’être la femme d'Antoine de Saint-​Exupéry. Au fond de la gale­rie, une pho­to de l'artiste inter­pelle. Installée entre un tableau et un fusain, elle per­met d’imaginer celle à qui on ne pense jamais aujourd'hui en évo­quant le nom de Saint-Exupéry. 

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Nature morte (cir­ca 1948) © Consuelo de Saint-​Exupéry
et famille Martinez-Fructuoso 

Cette expo­si­tion raconte aus­si une his­toire de famille, celle de la famille Martinez-​Fructuoso, les ayants droit de Consuelo de Saint-​Exupéry. Ils et elles sont les actuel·les pro­prié­taires des œuvres de l’artiste. Le père de cette famille a en effet été le bras droit de l'artiste à la dis­pa­ri­tion d'Antoine de Saint-​Exupéry après la Seconde Guerre mon­diale. Si, depuis la mort de Consuelo de Saint-​Exupéry en 1979, seule une expo­si­tion a été réa­li­sée sur l'artiste, mais dédiée au couple, il s’agit bien de la pre­mière rétros­pec­tive consa­crée à l'artiste seule. Un double hom­mage donc, à celui d’un bras droit et à l'artiste oubliée de notre his­toire contemporaine. 

À lire aus­si I L’exposition "Double hori­zon" de Soadat Ismailova : une ini­tia­tion spi­ri­tuelle à l’histoire sociale des femmes en Asie centrale

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