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Asa Nuja (69 ans) a deux fils et deux filles. Ces dernières se sont mariées et sont parties vivre avec leur mari. Elle a difficilement accepté leur décision, à l’opposé de la culture moso du « mariage ambulant ». © Karolin Klüppel

Chine : plon­gée dans la socié­té des Moso, par Karolin Klüppel

La pho­to­graphe alle­mande Karolin Klüppel s'est spé­cia­li­sée dans les repor­tages au cœur des socié­tés matristiques.

Nichée au fin fond de la Chine, une socié­té matriar­cale résiste au dik­tat du patriar­cat. C’est à la fron­tière entre le Yunnan et le Sichuan que la pho­to­graphe alle­mande Karolin Klüppel l’a déni­chée. Les Moso vivent autour du lac Lugu depuis le IIe siècle. C’est la seule socié­té matri­li­néaire chi­noise, et elle compte envi­ron 40 000 per­sonnes. Ici, ce sont les femmes qui ont le pou­voir et qui trans­mettent le nom et l’héritage. Frères et sœurs habitent sous le même toit toute leur vie et les enfants vivent avec leur mère. Ce sont les frères de la mère qui jouent le rôle de père, le concept de géni­teur n’existant pas dans la langue moso. Souvent d’ailleurs, il est incon­nu et ne sert que d’« arro­seur », comme une pluie, per­met­tant le déve­lop­pe­ment du fœtus.

Ainsi, il n’est pas ques­tion de mariage ou de vie conju­gale. La sexua­li­té est libre. Les femmes peuvent choi­sir et chan­ger de par­te­naires comme elles le sou­haitent. Elles reçoivent leurs amants la nuit. Au petit matin, les hommes rentrent chez eux. C’est ce qu’on appelle là-​bas le « mariage ambulant ».

Dans ces pho­tos, Karolin Klüppel s’est atta­chée aux matriarches Moso, éga­le­ment appe­lées « Dabu ». Depuis 2012, la pho­to­graphe tra­vaille presque exclu­si­ve­ment sur les der­nières socié­tés matriar­cales et matri­li­néaires de notre temps. Son pro­jet Mädchenland, sur les Khasi, en Inde, a rem­por­té plu­sieurs prix. L’artiste est très sou­vent expo­sée dans des musées, des gale­ries et des festivals.

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Sada Dorma (77 ans) regrette que les tou­ristes aient déser­té son vil­lage, Yixi, connu pour les cavernes
des envi­rons : « Le gou­ver­ne­ment a construit un aéro­port au-​dessus des grottes et elles sont main­te­nant dif­fi­ciles d’accès. »
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Dans la main de Du Zhi Ma, une pho­to d’elle avec l’un de ses trois enfants, prise il y a trente-​cinq ans.
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Le cabi­net de toi­lette de la famille de Du Zhi Ma, dont la mai­son n’est pas rac­cor­dée à l’eau courante.
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Il y a quinze ans, Asa Pure (67 ans) vivait encore avec son frère et sa sœur. Depuis, il et elle sont parti·es. « Nous étions riches durant mon enfance, explique-​t-​elle. Aujourd’hui, tout est difficile. »
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Dans la cui­sine d’Asa Pure.
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Des mâchoires de porc sont sus­pen­dues au-​dessus de la porte d’entrée. Les Moso sont répu­tés pour la conser­va­tion du porc. Il peut être gar­dé pen­dant dix ans.
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Les bateaux moto­ri­sés ne cir­culent pas sur le lac Lugu qu’empruntent les Moso. Ils uti­lisent de vieilles barques en bois pour ne pas pol­luer l’eau, d’une qua­li­té exceptionnelle.
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Lit tra­di­tion­nel moso, ins­tal­lé près de la cheminée.
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