Entre cent et deux cents personnes, dont l’actrice Judith Godrèche, se sont rassemblées, lundi, devant le siège du Centre national du cinéma (CNC) à Paris pour réclamer le départ de son président Dominique Boutonnat, qui doit être jugé en juin pour agression sexuelle, selon les organisateur·rices et le CNC.
À la veille de l’ouverture du Festival de Cannes et à l’appel de plusieurs collectifs, cent à deux cents personnes, dont l’actrice Judith Godrèche, se sont rassemblées, lundi, devant le siège du Centre national du cinéma (CNC). L’objectif est de “demander le retrait de Boutonnat de la présidence du CNC”, a déclaré Fanny de Casimacker, déléguée générale du Collectif 50/50, qui milite pour l’égalité, la parité et la diversité dans l’industrie cinématographique et audiovisuelle.
Dominique Boutonnat a été reconduit, mi-2022, à la tête de l’organisme qui encadre le septième art français, malgré sa mise en cause dans une affaire d’agression sexuelle sur son filleul de 21 ans, des accusations qu’il conteste. Le procès est prévu à partir du 14 juin à Nanterre. “On assiste aujourd’hui à une mobilisation de l’ensemble de l’industrie face à la question de la prévention et de la lutte contre les violences sexistes et sexuelles. Il y a aussi une commission d’enquête votée par l’Assemblée [nationale] pour accompagner et voir comment améliorer nos pratiques. Donc, c’est complètement incohérent, que, dans cette dynamique-là, à la présidence du CNC, il y ait encore une personne qui soit accusée d’agression sexuelle”, a ajouté Fanny de Casimacker.
Elle a estimé que le nombre de manifestant·es se situait “entre cent et cent cinquante”. Leslie Thomas, secrétaire générale du CNC, a confirmé la présence de “deux cents professionnels” devant le siège de l’instance. “Une délégation de quinze personnes a été reçue par la direction générale […] Il [lui] a été expliqué que le procès de Monsieur Boutonnat aura lieu le 14 juin. On s’inscrit dans une logique où la justice doit faire son travail. Le CNC n’a pas à se positionner”, a‑t-elle dit à plusieurs journalistes. Selon des images diffusées sur le réseau social X, une banderole disait vouloir “Séparer l’homme du CNC” et une pancarte réclamait un “Clap de fin sur les agresseurs”. Présente à ce rassemblement, Judith Godrèche, devenue ces derniers mois un des fers de lance du mouvement #MeToo en France, avait déjà demandé le départ de Dominique Boutonnat en février. À Cannes, elle présentera un court-métrage, Moi aussi, réalisé avec un millier de victimes de violences sexuelles ayant répondu à son appel sur les réseaux sociaux.
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Ce rassemblement se double d’une pétition lancée, dimanche, appelant “au retrait de Dominique Boutonnat du CNC”, à l’initiative d’artistes et technicien·nes, membres de la CGT-Spectacle et d’associations dont le Collectif 50/50, ainsi que de “producteurs et autres professionnels hors syndicats et associations”. “Si Dominique Boutonnat bénéficie de la présomption d’innocence, il nous semble […] essentiel que notre principale institution donne l’exemple”, écrivent ses auteur·rices, dont l’initiative avait recueilli quelque 1 500 signatures lundi, à la mi-journée.
Le CNC rappelle que, “depuis 2020, six mille professionnels du cinéma (producteurs, réalisateurs, diffuseurs, exploitants…) ont suivi une formation sur la prévention des violences sexistes et sexuelles sur les tournages”. “Cette formation est obligatoire pour 100 % des films d’initiative française en 2024. Elle conditionnera les aides à la production du CNC à compter du 1er juillet”, selon Leslie Thomas.