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Cécile de France (Chiara) et Maxence (Félix Lefebvre) © Les films du losange

Sorties ciné : les imman­quables du mer­cre­di 14 décembre

La Passagère, pre­mier film d'Héloïse Pelloquet met­tant en scène Cécile de France, Stella est amou­reuse, un beau film sur l'adolescence et Corsage, por­trait alter­na­tif de Sissi.

UNE FEMME EN EAUX TROUBLES

Il faut se méfier de l’eau qui dort… Un pro­verbe qu’illustre idéa­le­ment ce pre­mier film, sur le fond comme sur la forme. Visez plu­tôt : La Passagère nous entraîne dans les méandres d’une ren­contre amou­reuse sur une petite île de la côte Atlantique, entre Chiara, 45 ans, femme marin pêcheur heu­reu­se­ment mariée, et Maxence, 20 ans, son appren­ti. Tout semble en place, a prio­ri, pour que s’écoule un récit clas­sique d’adultère sur fond d’embruns, dûment jalon­né d’émois, de culpa­bi­li­té et de renon­ce­ment, non ? Eh bien, pas du tout ! Le cou­rant emprun­té par Héloïse Pelloquet, sa jeune réa­li­sa­trice de 34 ans, est autre­ment plus trou­blant, plus inat­ten­du, plus excitant.

Grâce en soit ren­due au per­son­nage moteur de Chiara. Solide, épa­nouie, com­plice d’un mari qui lui a appris son métier, elle a su s’intégrer sans encombre à cette rude com­mu­nau­té insu­laire (elle vient de Belgique, comme Cécile de France, sa lumi­neuse inter­prète). On est donc loin des cli­chés asso­ciés habi­tuel­le­ment aux femmes de pêcheurs (elle tra­vaille à éga­li­té avec son époux et sort en mer sans lui), de même que l’on navigue à des mil­liers de milles marins d’une repré­sen­ta­tion sté­réo­ty­pée de la « crise de la qua­ran­taine » chez une femme ! Chiara ne manque et n’a peur de rien, sur­tout pas de son désir, qu’elle accueille d’abord avec sur­prise, avant de le vivre plei­ne­ment. Assumant ses choix jusqu’au bout…

Autant dire que Chiara est une femme libre, et Héloïse Pelloquet une cinéaste qui nous embarque ! In fine, la flui­di­té de son film (elle a été cheffe mon­teuse avant de pas­ser à la réa­li­sa­tion) n’a d’égale que la force du res­sac. Un mélange rare.

La Passagère, d’Héloïse Pelloquet. Sortie le 14 décembre.

FAUT QUE ÇA DANSE ! 

Comment faire du neuf – et du beau – avec du vieux, tel pour­rait être l’exergue de ce long-​métrage vibrant, le sep­tième de Sylvie Verheyde, arti­sane têtue d’un ciné­ma à fleur de peau. S’inspirant lar­ge­ment de sa jeu­nesse, l’accorte quin­qua nous pro­pulse dans le Paris de 1984, his­toire d’accompagner les errances exis­ten­tielles (et émo­tion­nelles) de Stella, jeune fille mélan­co­lique issue d’un milieu ouvrier, qui pré­fère dan­ser, tom­ber amou­reuse et s’étourdir en boîte de nuit, plu­tôt que révi­ser son bac.

Retour en arrière et récit ini­tia­tique : pas très ori­gi­nal a prio­ri… En dépit de ces para­mètres un brin écu­lés, Sylvie Verheyde par­vient à nous embar­quer dans une épo­pée embal­lante. L’une des plus fraîches et des plus fluides jamais écrites et réa­li­sées sur l’adolescence ces der­nières années ! Bien sûr, la B.O. de Stella est amou­reuse, jalon­née de pop syn­thé­tique et de tubes impa­rables, donne envie de dan­ser. Bien sûr, l’insouciance (pré­caire) de cette époque pré­si­da dif­fuse un sen­ti­ment gal­va­ni­sant de liber­té. Et bien sûr, le cha­risme bou­deur de Flavie Delangle fait mer­veille dans le rôle de Stella. Quant à Marina Foïs, qui joue sa mère, patronne fra­gile et endet­tée d’un café, elle est une fois encore pro­di­gieuse de pré­sence. Reste que si ce film touche autant, c’est d’abord parce qu’il donne l’impression – rare – de plon­ger direc­te­ment dans la psy­ché exa­cer­bée d’une ado. Une expé­rience en forme de grand huit qui se révèle extrê­me­ment cha­leu­reuse. Sylvie Verheyde regarde avec beau­coup de ten­dresse son héroïne en deve­nir et, sans doute, la jeune fille qu’elle a été…

Stella est amou­reuse, de Sylvie Verheyde. Sortie le 14 décembre.

SOIS BELLE ET TAIS-TOI…

Oubliez la Sissi en mode pâtis­se­rie vien­noise de votre enfance ! Certes, Corsage dresse le por­trait d’Élisabeth d’Autriche, impé­ra­trice rebelle et légen­daire, mais on est loin de la saga miel­leuse qui révé­la la toute jeu­nette Romy Schneider. D’ailleurs, ce nou­vel opus autri­chien, impres­sion­nant de maî­trise, sai­sit l’impératrice dans sa qua­ran­tième année et ça n’est pas un hasard… Ce que veulent Marie Kreutzer, sa réa­li­sa­trice, et Vicky Krieps, l’ardente inter­prète d’Élisabeth, c’est son­der la mélan­co­lie de cette femme pri­vi­lé­giée dont on sait qu’elle fut obsé­dée par son tour de taille et par la jeu­nesse éter­nelle. De fait, elle s’imposa moult jeûnes, régimes et exer­cices. Une névrose que ce récit, assez fas­ci­nant de beau­té triste et gla­cée, relie au fameux dik­tat « Sois belle et tais-​toi », puisqu’on lui deman­dait uni­que­ment d’être un corps en repré­sen­ta­tion alors qu’elle avait soif de bien davan­tage. Sissi cor­se­tée par une socié­té sexiste, tel est donc l’enjeu de ce récit poi­gnant, qui résonne, ô com­bien, de façon contemporaine…

Corsage, de Marie Kreutzer. Sortie le 14 décembre.

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