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"Mica", d'Ismaël Ferroukhi : « Ma plus belle récom­pense, c'est de voir que les enfants sont embal­lés par l'histoire de ce gamin des rues »

En salles ce 22 décembre, Mica raconte le parcours d’émancipation d’un enfant des rues, au Maroc, grâce à sa rencontre avec une ex-championne de tennis. Un conte solaire, idéal pour Noël, qui parie sur la main tendue. Explications avec Ismaël Ferroukhi, son réalisateur…

Causette : Quelle est la genèse de votre film ?
Ismaël Ferroukhi : Il y a de cela 5 ou 6 ans, je rentrais de l’aéroport, à Paris, lorsque j’ai croisé un groupe d’enfants de 10, 13 ans, en plein milieu de la nuit.
Ce qu’on appelle des « mineurs isolés ». Ils ne parlaient pas le français, ont commencé à m’encercler. Puis ils se sont un peu détendus lorsque je leur ai offert un paquet de cigarettes. Certains m’ont raconté leur histoire. Whoua, je n’en revenais pas de ce qu’ils avaient déjà vécu à leur âge ! Je leur ai alors parlé d’associations qui pouvaient les aider, mais de nouveau la défiance s’est installée et l’on a fini par se quitter. Cette rencontre a été un déclic pour moi : j’ai voulu comprendre et remonter à la source. Je suis donc parti au Maroc. Attention, la question des mineurs isolés n’est pas spécifique au Maroc - ils peuvent aussi bien venir d’Algérie, de Roumanie ou d’Afghanistan -, mais je connais bien ce pays. Je suis né et j’ai grandi en France, certes, mais j’ai la double nationalité… Bref ! Après avoir mené ma petite enquête, j’ai décidé d’en faire un film. Un film inspirant, de préférence !

Pourquoi, précisément, ce choix de réaliser un film lumineux sur un sujet si âpre a priori ?
I.F. : Parce que je crois beaucoup à la force de la volonté, qui peut faire des miracles. Mais il faut aussi une main tendue. Dans mon film, la personne qui tend la main au petit Mica, cet enfant issu des bidonvilles, c’est Sofia, une ex-championne de tennis, génialement interprétée par Sabrina Ouazani. Et ça n’est pas un hasard. Je ne raconte pas son histoire, mais on imagine bien que pour elle, en tant que fille, ça n’a pas dû être facile. Elle a dû briser le plafond de verre. Grâce à elle, Mica va entrevoir un autre avenir que celui d’être l’homme à tout faire d’un vieux gardien d’un club de tennis à Casablanca. Il a du talent, elle va lui donner l’envie de se surpasser, l’envie d’y croire, même quand il doute. C’est essentiel. D’ailleurs, j’ai montré le film dans pas mal d’écoles ou collèges, en France ou à Marrakech, et je vous assure, chaque fois les gamins étaient emballés. C’est ma plus belle récompense : j’ai vu, concrètement, combien le côté inspirant de l’histoire de Mica fonctionnait !

Mica signifie « sac en plastique » en arabe. Pourquoi avoir choisi de donner ce surnom à ce petit bonhomme si volontaire ?
I.F. : Parce que ce sac en plastique synthétise bien ce que vit Mica au départ. Ou du moins ce qu’on peut penser de lui. Un sac en plastique, c’est un déchet, quelque chose que l’on jette et qui pollue la mer, comme ces enfants qui traversent la Méditerranée et n’arrivent pas tous à destination, hélas. Mais ce qui est beau, chez mon personnage, c’est qu’il humanise ce sac en plastique ! C’est d’autant plus beau que l’histoire de Mica est assez proche de celle de Zakaria Inan, le jeune acteur qui l’interprète. Même s’il n’a jamais vécu dans la rue, il est lui-même issu d’une famille pauvre et, comme lui, ne parle pas le français, contrairement aux enfants issus de la bourgeoisie de Casablanca… Pourtant, comme Mica, il est devenu un très bon joueur de tennis grâce à son père qui travaillait dans un club. Là-même où un directeur technique l’a remarqué. Aujourd’hui, entre le film et le tennis, Zakaria est en train de réaliser son rêve. La preuve que c’est possible !

Bande annonce

Mica, d’Ismaël Ferroukhi. Sortie le 22 décembre.

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