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Les Passagers de la nuit

Les sor­ties ciné de ce mer­cre­di 4 mai

Grosse livrai­son dans les salles ce mer­cre­di : Les Passagers de la nuit de Mikhaël Hers, Limbo, de Ben Sharrock, Miss Marx, de Susanna Nicchiarelli et L’été l’éternité, d’Émilie Aussel.

La voix humaine

Plus secrets que d’autres, cer­tains films ravissent par leur seul fré­mis­se­ment, leur déli­ca­tesse, leur grâce impal­pable. Les Passagers de la nuit est de ceux-​là. Nul hasard s’il offre à Charlotte Gainsbourg l’un de ses plus beaux rôles : le flow de son récit épouse idéa­le­ment le souffle de sa voix.

Précisément, le qua­trième long-​métrage de Mikhaël Hers accom­pagne la tra­jec­toire d’Élisabeth, une héroïne vul­né­rable et déter­mi­née. Peu de temps après avoir été quit­tée par son mari, cette grande timide (et insom­niaque) trouve un emploi dans une émis­sion de radio la nuit, moyen inédit pour elle d’assurer son quo­ti­dien et celui de ses enfants, mais aus­si d’entamer une nou­velle exis­tence. Il lui suf­fit juste, pour cela, de tra­ver­ser la Seine ! Les per­son­nages ne cessent de cir­cu­ler dans ce fluide « roman » d’apprentissage. Sans doute parce qu’ils·elles sont tous et toutes en tran­sit, quels que soient leur âge, leurs envies ou leurs bles­sures (Élisabeth recueille ain­si Talulah, une jeune fille SDF). 

Reste que s’ils·elles se croisent, s’attachent, se détachent, c’est pour mieux se réin­ven­ter ensemble. Cette dyna­mique est l’une des grandes qua­li­tés de ce film « d’époque », qui déploie ses élans sur sept années, entre 1981 et 1988, his­toire d’exhaler une forme d’espoir, sinon d’innocence. Mais sans nos­tal­gie ! Jalonné de mains ten­dues et de tubes (ceux qui pas­saient alors à la radio) ; ryth­mé par la voix fra­gile de Pascale Ogier (égé­rie des années 1980 que Talulah découvre dans Les Nuits de la pleine lune) ou apai­sante d’Emmanuelle Béart (épa­tante dans un second rôle), Les Passagers de la nuit se met sim­ple­ment au dia­pa­son de ses pro­ta­go­nistes : doux et généreux. 

Les Passagers de la nuit, de Mikhaël Hers. Sortie le 4 mai.

Rire pour ne pas pleurer

Bienvenue dans le royaume de l’absurde ! Limbo nous entraîne sur une petite île de pêcheurs en Écosse, aus­si ven­tée qu’isolée, là même où un groupe de deman­deurs d’asile – uni­que­ment de jeunes hommes – attendent déses­pé­ré­ment de connaître leur sort. Parmi eux, Omar, un musi­cien syrien au bras plâ­tré qui trans­porte son ins­tru­ment où qu’il aille, et Farhad, qui a dû fuir l’Afghanistan pour échap­per aux per­sé­cu­tions homo­phobes. Primé au Festival du film bri­tan­nique de Dinard, Limbo enchante pour son humeur tragi-​comique et ses gags laco­niques, à la lisière du non-​sens, mais encore pour ses pay­sages sublimes et ses per­son­nages mer­veilleu­se­ment atta­chants, car naïfs et cou­ra­geux à la fois. Mention spé­ciale à Sidse Babett Knudsen (Borgen), hila­rante en for­ma­trice dépha­sée (et inutile) !

Limbo, de Ben Sharrock. Sortie le 4 mai. 

Rebelle et soumise

Réévaluer une figure du pas­sé n’est pas chose aisée, sur­tout quand il s’agit d’une femme bles­sée. Susanna Nicchiarelli est cou­tu­mière du fait. Après avoir dépeint (fort bien) les der­nières années de la chan­teuse Nico (Nico, 1988), voi­là qu’elle braque sa camé­ra sur le des­tin contra­rié d’Eleanor Marx, fille cadette du célèbre phi­lo­sophe alle­mand. Une jeune femme brillante et com­ba­tive, par­mi les pre­mières à lier fémi­nisme et socia­lisme, mais qui ne par­vint jamais à se libé­rer d’une his­toire d’amour toxique avec un homme volage et dépen­sier. Pour expri­mer ce para­doxe – et res­ti­tuer la rage cachée de miss Marx –, la cinéaste ita­lienne pare son film d’époque d’une BO punk. Un ana­chro­nisme bien­ve­nu, même s’il n’est pas… révo­lu­tion­naire (Sofia Coppola l’a fait avant elle) ! Il donne du souffle à son récit un brin confus et raide, parfois.

Miss Marx, de Susanna Nicchiarelli. Sortie le 4 mai. 

La jeune fille et la mort

Il y a quelque chose de l’ordre de la fable dans ce pre­mier long-​métrage fran­çais. Une fable radieuse d’abord, qui sur­prend un groupe d’adolescent·es. L’été juste après leur bac, sur les plages mar­seillaises. La vie est belle alors, et éter­nelle, ce que capte for­mi­da­ble­ment la camé­ra sen­sible d’Émilie Aussel à tra­vers ces moments d’amitié, d’insouciance et de fête. Une fable plus sombre ensuite, juste après qu’un évé­ne­ment dou­lou­reux n’explose le groupe. Comment faire face, si jeune, à la perte ? Comment accep­ter que rien ne dure ? Comment renaître ? Le récit devient alors plus intros­pec­tif. Plus théâ­tral aus­si. Rien de grave : ce film, même fra­gile, même ban­cal, regorge de belles pro­messes. Aussi bien du côté de la réa­li­sa­trice (à suivre), que de ses jeunes inter­prètes (en par­ti­cu­lier Nina Villanova). 

L’été l’éternité, d’Émilie Aussel. Sortie le 4 mai.

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