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“Le ravis­se­ment”, “Marie-​Line et son juge”… les trois films à voir cette semaine

Une jeune sage-​femme très inves­tie dans son métier, une ren­contre entre une jeune ser­veuse et un juge bou­gon et un film his­to­rique dans la Serbie de Milosevic… Voici les sor­ties ciné du mer­cre­di 11 octobre. 

Le ravis­se­ment

C’était l’une des pépites de la Semaine de la cri­tique, en mai der­nier au Festival de Cannes. Un beau pre­mier film sub­til, inquié­tant et pro­fond, qui marque à tout le moins la nais­sance d’une cinéaste, la très pro­met­teuse Iris Kaltenbäck. S’inspirant d’un fait divers, cette tren­te­naire for­mée à la Fémis (la plus pres­ti­gieuse école de ciné­ma en France) nous conte là un drôle de baby blues… Celui de Lydia, une jeune sage-​femme très inves­tie dans son métier, qui fait croire à un amant d’un soir, qu’elle croise par hasard à l’hôpital, que le nouveau-​né qu’elle tient dans ses bras est leur enfant (alors qu’il est celui de Salomé, sa meilleure amie qui vient d’accoucher). De fait, Lydia est seule, encore plus depuis que Salomé a construit son nid, alors elle invente cette mater­ni­té fac­tice, dévoyée et pour­tant bou­le­ver­sante, pour com­bler le vide de son exis­tence. Avant que de s’enfermer dans son men­songe, jusqu’à l’irréparable… Tissée de déni et de cha­grin, cette ultra­mo­derne soli­tude est d’autant plus sai­sis­sante qu’elle est inves­tie par Hafsia Herzi. Qui d’autre qu’elle, fran­che­ment, pour incar­ner aus­si jus­te­ment Lydia, figure tra­gique habi­tée par le silence ? Cette héroïne duras­sienne, qui trans­forme sa vie en fic­tion pour rendre le réel sup­por­table (le titre d’Iris Kaltenbäck fait écho au Ravissement de Lol V. Stein, de Marguerite Duras), est son plus beau rôle à ce jour. On suit d’autant mieux ses errances que la réa­li­sa­tion, toute en fon­dus, déam­bu­la­tions son­geuses et nuits insom­niaques, s’accorde fine­ment à sa tra­jec­toire. Seul petit regret : la pré­sence d’une voix off tout le long du film, certes très duras­sienne elle aus­si, mais un brin trop explicative. 

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Le Ravissement, d’Iris Kaltenbäck.

Marie-​Line et son juge

La fac­ture du film est certes clas­sique, un brin ron­ron­nante, et les rebon­dis­se­ments quelque peu atten­dus, mais l’écriture sen­sible de Jean-​Pierre Améris (Les Émotifs ano­nymes) et la qua­li­té de jeu des comédien·nes sur­prennent, per­met­tant de his­ser Marie-​Line et son juge bien au-​dessus d’un télé­film. De fait, cette his­toire de ren­contre, rugueuse mais salu­taire, entre une jeune ser­veuse un peu trop bruyante et voyante (la Marie-​Line du titre) et un juge bou­gon et dépres­sif, séduit par sa modes­tie… et sa foi en l’humanité. Elle ferait même pen­ser, par­fois, à une comé­die sociale anglaise (pro­bable modèle des auteurs). La nature géné­reuse de Louane, très juste en héroïne popu­laire, et la pré­ci­sion farouche, un peu sèche, de Michel Blanc dans le rôle anta­go­niste (mais tendre) du juge, par­ti­cipent pour beau­coup du charme de ce “petit” film grand public. 

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Marie-​Line et son juge, de Jean-​Pierre Améris. 

Lost Country

Est-​ce le contexte his­to­rique très par­ti­cu­lier, qui sai­sit son jeune héros en 1996 dans la Serbie de Milosevic alors que grondent des mani­fes­ta­tions étu­diantes ? Est-​ce la rela­tion fusion­nelle, tout aus­si sin­gu­lière, qui unit cet ado­les­cent à sa mère toute puis­sante, porte-​parole du par­ti au pou­voir, avant qu’il ne se mette à dou­ter, trou­blé par les idées de ses copains pro­gres­sistes ? Lost Country a beau évo­luer dans le registre clas­sique du récit d’apprentissage, il n’en reste pas moins ori­gi­nal et fort. Déjà parce qu’il fait réson­ner deux révo­lu­tions (l’une poli­tique, l’autre intime) : l’élan est rare. Ensuite, parce que le per­son­nage de la mère n’est jamais cari­ca­tu­ral (enten­dez mons­trueuse). Portée par la grande Jasna Djuricic (déjà for­mi­dable dans La Voix d’Aïda), cette figure com­plexe cap­tive tout le long, à la mesure du film tout entier.

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Lost Country, de Vladimir Perisic. 

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