Jeune Juliette, d'Anne Émond
La tendresse plutôt que les portes qui claquent. La tête haute plutôt que les complexes. L’humour plutôt que le psychodrame en trois actes. Jeune Juliette, qui dresse le portrait d’une collégienne effrontée, boulotte et solitaire de 14 ans, prend à contre-pied tous les clichés habituels de la chronique adolescente. Un vrai bain de fraîcheur… Quand bien même Anne Émond, sa réalisatrice, nous immerge dans une morne banlieue de Montréal lors d’un été caniculaire.
Bien sûr, l’accent québécois participe du charme de ce teen movie alternatif. Et bien sûr, son côté pop, léger, coloré, un brin vintage, avive son décalage. Mais ce qui le distingue en premier lieu, c’est le personnage (moteur) de Juliette. Merveilleusement interprétée par la lumineuse Alexane Jamieson, cette héroïne un peu grosse, très futée et pas vraiment populaire dans son collège, est sidérante de force tranquille, en fait.
Quels que soient ses petits agacements et ses grandes déceptions (sa mère est partie vivre sa vie depuis longtemps à New York), la jeune Juliette ne se pose jamais en victime. Non seulement elle se fiche de correspondre aux standards actuels de beauté, mais elle assume aussi toutes les différences (les siennes, comme celles de sa meilleure copine qui fait son coming out, ou celles du petit garçon autiste qu’elle est censée ‑garder). Portée par la tendresse de son père et de son grand frère, sauvée par son imagination débordante, cette frondeuse nous venge de tous nos chagrins adolescents. Sur un mode ludique, suprême élégance !
Les Envoûtés, de Pascal Bonitzer
Les fantômes ont la cote. À la frontière du visible et de l’invisible, ils hantent volontiers les réalisateurs qui aiment s’aventurer aux confins du film de genre et du cinéma d’auteur. Ainsi Pascal Bonitzer, cinéphile et scénariste accompli. Délaissant ses personnages de bobos parisiens et sa veine ironique, il nous raconte ici la rencontre[…]