Au programme de ce mercredi : une histoire d'amour passionnelle fictive entre l'autrice Emily Brontë et un pasteur, un documentaire sur la star de la photo et de l'art contemporain, Nan Goldin et une comédie gentiment féministe sur le métier de sage-femme.
Emily, de Frances O’Connor
Elle est l’une des autrices les plus connues au monde, son unique roman – Les Hauts de Hurlevent – faisant figure de classique de la littérature. Pourtant, l’on sait peu de choses de la courte vie d’Emily Brontë. Pour mieux comprendre comment s’est forgé le romantisme si personnel de son œuvre pionnière (et de ses nombreux poèmes), Frances O’Connor, fougueuse réalisatrice australienne, a choisi de se pencher sur la jeunesse de l’autrice. Tissant des correspondances entre ses écrits et sa vie, elle prend de vraies libertés avec sa biographie, lui inventant une histoire d’amour passionnelle avec un charmant pasteur (qui a réellement existé). Rien de fâcheux tant son récit dégage un sentiment de beauté farouche et d’exaltation, donc de justesse. Il est vrai, aussi, que la lande du Yorkshire est merveilleusement photogénique et qu’Emma Mackey, dans le rôle-titre, donne le sentiment de l’avoir toujours habitée.
Emily, de Frances O’Connor. En salles.
Toute la beauté et le sang versé, de Laura Poitras
Qualifier le nouveau documentaire de Laura Poitras de « grand film » est presque réducteur ! Profondément humain, abrasif et galvanisant, il échappe aux étiquettes, tout comme Nan Goldin, immense artiste dont il dresse le portrait attentif et rock’n’roll. De fait, Toute la beauté et le sang versé nous mène au cœur des combats de cette photographe américaine, mondialement connue, qui, en célébrant l’amitié, la marge et la fragilité, a réinventé la notion du genre et sondé comme rarement la domination masculine. Activiste infatigable, elle se bat aussi depuis des années contre la (très riche) famille Sackler, responsable de la crise des opiacés aux États-Unis… et mécène des plus grands musées. Autant de raisons de s’immerger dans son « biopic », confondant de beauté et de résistance, dûment récompensé par un Lion d’or à la Mostra de Venise.
Toute la beauté et le sang versé, de Laura Poitras. En salles.
Sage-homme, de Jennifer Devoldère
Léopold ne voit pas vraiment la vie en rose quand il intègre par défaut (il a raté médecine) l’école de sages-femmes. Un dégoût qui ne tient pas seulement à la couleur de sa blouse (rose, donc…). Ce jeune homme, orphelin de mère, va vite reprendre des couleurs et s’adapter à cette situation inopinée. Bref, tout ça est un peu téléphoné. Reste que la comédie gentiment féministe de Jennifer Devoldère se regarde sans déplaisir. D’abord parce qu’elle dresse un portrait assez juste, toujours bienvenu, du quotidien sous pression d’un hôpital et de ses soignants, aujourd’hui en France. Revalorisant, comme il se doit, le métier de sage-femme. Et ensuite, parce qu’elle confirme le talent de Melvin Boomer dans le rôle principal. Révélé dans la série Le Monde de demain, ce jeune acteur assure tout en finesse au côté de Karin Viard.
Sage-homme, de Jennifer Devoldère. En salles