Un drame sur les premiers élans militants de jeunes lycéen·nes palestinien·nes signé Firas Khoury, un autre plus tendre et déchirant de Marie Amachoukeli et un long-métrage franco-japonnais insipré de la biographie de la boxeuse sourde, Keiko Ogasawara : ce mercredi, vous avez un large choix en salles !
Alam
Situé en Palestine, dans une zone floue à dessein, Alam est un premier film sensible, qui interroge de façon originale la notion d’identité. Une notion clé dans cette partie du monde ! Nul hasard si son titre (en arabe) se traduit en français par « drapeau », morceau de tissu ô combien symbolique… Sauf que Firas Khoury, son réalisateur, a la bonne idée de ne pas transformer cette histoire personnelle en un acte militant pur et dur.
Mêlant récit d’apprentissage (classique) et enjeux politiques (plus mordants), il nous plonge dans la vie quotidienne d’une poignée de lycéen·nes palestinien·nes qui, vivant en Israël, se heurtent sans arrêt à la propagande officielle, notamment à travers leurs cours d’histoire. « On n’est pas sérieux, quand on a 17 ans », écrivait Rimbaud… Pas si sûr ! Car un vrai dilemme se pose à elles·eux : accepter d’oublier le passé de leur peuple, comme on les force à le faire, ou se rebeller. Précisément, Alam se déroule à la veille de la fête d’indépendance d’Israël, jour de deuil pour les Palestinien·nes, lorsque Tamer, garçon insouciant et glandeur, rencontre la charmante Maysaa, nettement plus vive et critique. Bientôt rejoint·es par trois autres camarades, ils·elles décident alors, entre deux joints et deux flirts timides, de remplacer le drapeau israélien qui flotte sur le toit de leur lycée par le drapeau palestinien…
Bien sûr, ça n’est pas la première fois que le conflit israélo-palestinien, sujet brûlant, est représenté au cinéma. Mais parce qu’il se focalise sur cette jeunesse muselée, qui hésite entre dissidence et légèreté, et parce qu’il imprime à son récit une nonchalance adolescente inattendue, Firas Khoury surprend et touche, intelligemment.
Alam, de Firas Khoury. Sortie le 30 août.
Ama Gloria
C’est un récit à la fois tendre, fragile et original. Le deuxième long-métrage de Marie Amachoukeli raconte à hauteur d’enfant le désespoir de Cléo, tout juste 6 ans et déjà orpheline de mère, lorsqu’elle apprend que Gloria, sa nounou adorée, doit repartir d’urgence dans son pays, le Cap- Vert, pour s’occuper des siens. La petite fille finira par les rencontrer puisque son père accepte qu’elle passe un dernier été avec Gloria, sur son île, au large de l’Afrique. Elle y rencontrera, notamment, ses deux enfants adolescents… S’il manque d’un peu de densité, ce récit d’apprentissage touche par sa réalisation sensible, sa matière hybride et astucieuse (la réalisatrice a recours à l’animation, par à‑coups, pour raconter ce que sa petite héroïne ne parvient pas à formuler) et sa thématique bien sûr : le (douloureux) sentiment d’abandon. Vécu de part et d’autre…
Ama Gloria, de Marie Amachoukeli. Sortie le 30 août.
La Beauté du geste
Situé dans les faubourgs de Tokyo, centré sur une jeune femme sourde et muette, qui s’entraîne sans relâche à la boxe avant d’arrêter brutalement alors que sa carrière décolle, ce film japonais intrigue et captive de bout en bout. Cela de façon très physique ! Sans doute parce qu’il renoue avec le langage premier du cinéma, celui du corps, seul moyen d’expression de son héroïne. Ses entraînements, inlassables, presque mécaniques, ressemblent ainsi à des chorégraphies mélancoliques, qui racontent moins son désir de gagner (si tant est qu’elle n’en ait jamais eu envie) que sa profonde solitude. La ville, ses silences, ses rues et ses quais déserts, remarquablement filmés de nuit ou au petit matin, font écho à son isolement et à sa vulnérabilité. Mais sobrement, sans mélo : un beau geste… cinématographique, en effet.
La Beauté du geste, de Sho Miyake. Sortie le 30 août.
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