ALAM still 4
© JHR FILMS

La sélec­tion ciné Causette du mer­cre­di 30 août

Un drame sur les pre­miers élans mili­tants de jeunes lycéen·nes palestinien·nes signé Firas Khoury, un autre plus tendre et déchi­rant de Marie Amachoukeli et un long-​métrage franco-​japonnais insi­pré de la bio­gra­phie de la boxeuse sourde, Keiko Ogasawara : ce mer­cre­di, vous avez un large choix en salles !

Alam

Situé en Palestine, dans une zone floue à des­sein, Alam est un pre­mier film sen­sible, qui inter­roge de façon ori­gi­nale la notion d’identité. Une notion clé dans cette par­tie du monde ! Nul hasard si son titre (en arabe) se tra­duit en fran­çais par « dra­peau », mor­ceau de tis­su ô com­bien sym­bo­lique… Sauf que Firas Khoury, son réa­li­sa­teur, a la bonne idée de ne pas trans­for­mer cette his­toire per­son­nelle en un acte mili­tant pur et dur.

Mêlant récit d’apprentissage (clas­sique) et enjeux poli­tiques (plus mor­dants), il nous plonge dans la vie quo­ti­dienne d’une poi­gnée de lycéen·nes palestinien·nes qui, vivant en Israël, se heurtent sans arrêt à la pro­pa­gande offi­cielle, notam­ment à tra­vers leurs cours d’histoire. « On n’est pas sérieux, quand on a 17 ans », écri­vait Rimbaud… Pas si sûr ! Car un vrai dilemme se pose à elles·eux : accep­ter d’oublier le pas­sé de leur peuple, comme on les force à le faire, ou se rebel­ler. Précisément, Alam se déroule à la veille de la fête d’indépendance d’Israël, jour de deuil pour les Palestinien·nes, lorsque Tamer, gar­çon insou­ciant et glan­deur, ren­contre la char­mante Maysaa, net­te­ment plus vive et cri­tique. Bientôt rejoint·es par trois autres cama­rades, ils·elles décident alors, entre deux joints et deux flirts timides, de rem­pla­cer le dra­peau israé­lien qui flotte sur le toit de leur lycée par le dra­peau palestinien…

Bien sûr, ça n’est pas la pre­mière fois que le conflit israélo-​palestinien, sujet brû­lant, est repré­sen­té au ciné­ma. Mais parce qu’il se foca­lise sur cette jeu­nesse muse­lée, qui hésite entre dis­si­dence et légè­re­té, et parce qu’il imprime à son récit une non­cha­lance ado­les­cente inat­ten­due, Firas Khoury sur­prend et touche, intelligemment.

Alam, de Firas Khoury. Sortie le 30 août.

Ama Gloria

C’est un récit à la fois tendre, fra­gile et ori­gi­nal. Le deuxième long-​métrage de Marie Amachoukeli raconte à hau­teur d’enfant le déses­poir de Cléo, tout juste 6 ans et déjà orphe­line de mère, lorsqu’elle apprend que Gloria, sa nou­nou ado­rée, doit repar­tir d’urgence dans son pays, le Cap- Vert, pour s’occuper des siens. La petite fille fini­ra par les ren­con­trer puisque son père accepte qu’elle passe un der­nier été avec Gloria, sur son île, au large de l’Afrique. Elle y ren­con­tre­ra, notam­ment, ses deux enfants ado­les­cents… S’il manque d’un peu de den­si­té, ce récit d’apprentissage touche par sa réa­li­sa­tion sen­sible, sa matière hybride et astu­cieuse (la réa­li­sa­trice a recours à l’animation, par à‑coups, pour racon­ter ce que sa petite héroïne ne par­vient pas à for­mu­ler) et sa thé­ma­tique bien sûr : le (dou­lou­reux) sen­ti­ment d’abandon. Vécu de part et d’autre…

Ama Gloria, de Marie Amachoukeli. Sortie le 30 août.

La Beauté du geste

Situé dans les fau­bourgs de Tokyo, cen­tré sur une jeune femme sourde et muette, qui s’entraîne sans relâche à la boxe avant d’arrêter bru­ta­le­ment alors que sa car­rière décolle, ce film japo­nais intrigue et cap­tive de bout en bout. Cela de façon très phy­sique ! Sans doute parce qu’il renoue avec le lan­gage pre­mier du ciné­ma, celui du corps, seul moyen d’expression de son héroïne. Ses entraî­ne­ments, inlas­sables, presque méca­niques, res­semblent ain­si à des cho­ré­gra­phies mélan­co­liques, qui racontent moins son désir de gagner (si tant est qu’elle n’en ait jamais eu envie) que sa pro­fonde soli­tude. La ville, ses silences, ses rues et ses quais déserts, remar­qua­ble­ment fil­més de nuit ou au petit matin, font écho à son iso­le­ment et à sa vul­né­ra­bi­li­té. Mais sobre­ment, sans mélo : un beau geste… ciné­ma­to­gra­phique, en effet.

La Beauté du geste, de Sho Miyake. Sortie le 30 août.

Lire aus­si l À voir au ciné ce 23 août – "Anatomie d’une chute" de Justine Triet

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