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Nos recom­man­da­tions ciné du 10 novembre : "Une Vie démente" et "Marcher sur l'eau"

Au pro­gramme : une comé­die réus­sie sur la mala­die ­d’Alzheimer et le poi­gnant docu­men­taire d'Aïssa Maïga sur les effets dévas­ta­teurs du réchauf­fe­ment cli­ma­tique sur un vil­lage peul.

"Une vie démente" : maman perd la boule

Peut-​on écrire une comé­die sur un sujet aus­si dur que la mala­die ­d’Alzheimer ? Oui, répondent en chœur Ann Sirot et ­Raphaël ­Balboni, les deux jeunes réa­li­sa­teur et réa­li­sa­trice d’Une Vie démente. Et il·elle ont bien rai­son : leur pre­mier long-​métrage, qui asso­cie humour far­fe­lu, esthé­tique soi­gnée et grande déli­ca­tesse, par­vient à être pro­fond, tou­chant et sou­riant de bout en bout. De l’art du contrepied ! 

Voyez l’intrigue : ce film belge choi­sit de suivre le par­cours d’Alex et Noémie, un couple de tren­te­naires qui aime­raient bien mettre un bébé en route. Rien à voir ? Eh si ! Car leurs plans vont être cham­bou­lés par Suzanne, l’élégante et charis­matique mère d’Alex, qui semble brus­que­ment perdre les pédales. 

Lire aus­si : Interview d'Ann Sirot et ­Raphaël Balboni

Oublis bizarres, dépenses absurdes, visites noc­turnes à ses voi­sins… Suzanne la maman devient peu à peu Suzanne l’enfant. Drôle de paren­ta­li­té pour Alex et Noémie ! Drôle, Une vie démente l’est d’ailleurs sou­vent. Notamment lorsque son récit adopte le point de vue de Suzanne, toute à ses « bêtises » tan­dis que sa belle-​fille s’adapte stoï­que­ment et que son fils, lui, panique. Ces diver­gences génèrent évi­demment de nom­breux rebon­dis­se­ments (on ne s’ennuie pas une seconde), mais aus­si de bonnes ques­tions. Par exemple : faut-​il s’arrêter de vivre pour s’occuper de sa mère dépen­dante ? En clair, Une vie démente est une tra­gi­co­mé­die fine­ment trous­sée, inter­pré­tée et mise en images (l’obsession de la ­mala­die ­s’incarne de façon très gra­phique) qui confirme, une fois encore, que l’humour belge est assez… dément ­d’intelligence.

Une Vie démente, d’Ann Sirot et Raphaël Balboni. Sortie le 10 novembre. 

"Marcher sur l'eau" : le prix de l’or bleu

On ne l’attendait pas for­cé­ment là. Certes, Aïssa Maïga, actrice enga­gée, a sou­vent fait montre d’une conscience affû­tée. Mais décou­vrir qu’elle est aus­si, sans crier gare, une docu­men­ta­riste accom­plie reste la bonne sur­prise du mois. Tourné dans le nord du Niger entre 2018 et 2020, Marcher sur l’eau raconte concrè­te­ment les effets dévas­ta­teurs du réchauf­fe­ment cli­ma­tique sur un vil­lage peul et le com­bat de ce der­nier pour la construc­tion d’un forage (la région recouvre un lac aqui­fère dans son sous-sol). 

Adoptant le point de vue d’Houlaye, une ado­les­cente qui marche chaque jour pen­dant des heures pour aller pui­ser cette eau si rare, ce pre­mier film sai­sit d’emblée par son sens du cadre. Pourtant, s’il impres­sionne dura­ble­ment, c’est d’abord parce qu’il ne verse jamais dans le misé­ra­bi­lisme, quand bien même cette pénu­rie d’eau a des consé­quences dra­ma­tiques sur la vie des vil­la­geois. Une ques­tion de regard, évi­dem­ment. Ainsi, lorsqu’Aïssa Maïga montre une poi­gnée de mères par­ties cher­cher par-​delà les fron­tières de quoi assu­rer la sur­vie de leur famille et contraintes de lais­ser leurs enfants livrés à eux-​mêmes pen­dant de longues semaines, elle le fait sobre­ment. Sans larmes, sans bruit, sans vio­lons… et c’est poi­gnant. Par ailleurs, elle n’oublie pas de nous don­ner à voir l’élan magni­fique de cette ­com­mu­nau­té pour obte­nir le forage, de même qu’elle prend le temps de nous faire décou­vrir la richesse des per­son­na­li­tés qui la com­posent. Doux et dur à la fois, mais tou­jours aimant, Marcher sur l’eau a l’intelligence, au fond, de pri­vi­lé­gier l’humain aux grands dis­cours. Son mes­sage n’en est que plus puissant.

Marcher sur l’eau, d’Aïssa Maïga. Sortie le 10 novembre. 

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