![En salles : « Madre », noirceur lumineuse 1 113 cinema madre le pacte](https://www.causette.fr/wp-content/uploads/2020/07/113-cinema-madre-le-pacte.jpg)
Il est des films brillants et puis il est des films comètes. Madre appartient à la deuxième catégorie. Tels ces corps célestes, imprévisibles et fulgurants, il est à la fois constitué d’un noyau sombre et d’un halo éblouissant.
Jugez plutôt : Madre raconte l’histoire d’Elena, une mère divorcée dont le fils de 6 ans a disparu sur une plage des Landes alors qu’il était censé être surveillé par son père. Dix ans après, Elena vit et travaille sur cette plage, dans un restaurant de bord de mer. Dévastée depuis ce tragique épisode, elle tente de se reconstruire. Jusqu’au jour où elle rencontre Jean, un adolescent qui lui rappelle son fils…
La matière est noire, on le voit. Pourtant, l’habile réalisateur qu’est Rodrigo Sorogoyen a la bonne idée d’éviter tout pathos, toute scène plombante, tout dialogue lourdement explicatif. Au contraire, il laisse son récit se déployer de façon mystérieuse et presque douce. De l’obscurité vers la lumière, pas à pas. Raccord avec la tristesse lasse de cette mère inconsolable, qui choisit de rester debout envers et contre tous (non, elle n’est pas folle…).
Bien sûr, la puissance solaire du cadre balnéaire et le jeu habité de Marta Nieto dans ce rôle difficile favorisent cet éclat inespéré. Reste que le regard et la mise en scène de Rodrigo Sorogoyen sont eux aussi brillants. Un temps brutal (sa séquence d’ouverture, suffocante, est inoubliable), puis résolument délicat (la relation entre Elena et Jean n’est jamais graveleuse), il confirme ici, après El Reino et Que Dios nos perdone, qu’il est l’une des étoiles du cinéma espagnol.