Sophie Fillières venait d’achever le tournage de son dernier film, Ma vie, ma Gueule, avec Agnès Jaoui dans le rôle principal. Prévu dans les salles en 2024, il sera l'ultime occasion de rendre hommage à une réalisatrice et scénariste singulière et remarquable.
Elle laisse déjà un vide immense dans le monde du cinéma français tout en y apposant pour toujours une empreinte indélébile. La réalisatrice et scénariste française Sophie Fillières est décédée dans la nuit de dimanche à lundi à l’âge de 58 ans. Elle était malade et hospitalisée, rapporte Libération.
Grande petite (1994), Aie (2000), Gentille (2005), Un chat un chat (2009), Arrête ou je continue (2014), La Belle et la Belle (2017)… Son œuvre riche, singulière et décalée a marqué les esprits en offrant une place de choix à des personnages féminins joués par des actrices talentueuses : Sandrine Kiberlain, Emmanuelle Devos, Judith Godrèche ou encore Chiara Mastroianni. Ils « ont pour personnages principaux des jeunes filles puis des femmes singulièrement proches, qui grandissent et vieillissent avec nous », écrit Libération.
Née le 20 novembre 1964 à Paris, d’un père chef d’escale à Air France et d’une mère professeure de maths reconvertie à l’archéologie puis à la peinture, Sophie Fillières avait fait partie de la première mouture de réalisateur·trices de la Fémis – célèbre école de cinéma parisienne. Elle comptait parmi ses camarades de promo, une autre réalisatrice de talent, Noémie Lvovsky, avec qui elle collaborera plus tard comme scénariste sur le film Oublie-moi (1994).
Un dernier hommage
Pour son court métrage de fin d’études, Des filles et des chiens, Sophie Fillières avait décroché le prix Jean Vigo en 1992 qui distingue l’indépendance d’esprit, la qualité et l'originalité d’un·e auteur·trice en devenir. Une récompense faite pour Sophie Fillières lorsqu'on se penche sur sa filmographie.
Si elle a signé une dizaine de courts et longs-métrage, elle n’était pas de ceux·celles qui marchent seul·es. Aimée et reconnue de ses pairs, elle a participé à une dizaine de scénarios, La Dernière Folie de Claire Darling, de Julie Bertuccelli (2018) ou Garçon chiffon, de Nicolas Maury (2020) pour ne citer qu’eux. Également actrice, elle a joué dans Victoria (2016) et plus récemment dans Anatomie d’une chute, de Justine Triet qui a reçu la Palme d’or de Cannes 2023 et sort dans les salles le 23 août prochain.
Devant la caméra, derrière ou aux côtés d’autres réalisateur·trices, Sophie Fillières était une femme de cinéma. En dépit d'une longue maladie, elle venait justement d’achever son dernier film, Ma Vie, ma Gueule, il y a quelques semaines en Écosse, avec Philippe Katerine et Agnès Jaoui dans le rôle principal. Selon Les Inrockuptibles, la réalisatrice « était très heureuse de ce tournage ». Elle en parlait d'ailleurs en février dernier dans une interview accordée aux Cahiers du cinéma : « Ma vie ma gueule restera je l’espère comique, mais sera plus “direct” et plus noir que mon précédent film, La Belle et la Belle (2018) ».
Ma vie ma gueule sera terminé et supervisé par ses deux enfants également acteur·trices, Agathe et Adam Bonitzer, précise Libération, et devrait sortir en 2024. Un dernier film comme un dernier adieu qui nous donnera, maigre consolation, l’ultime occasion de lui rendre hommage.