Le premier long métrage de Baptiste Drapeau est un mélange de romance et d'épouvante.
Qu’il irise les mélos les plus flamboyants ou attise les polars les plus sombres, le thème de l’amour fou n’est pas vraiment nouveau au cinéma. Il a d’ailleurs fécondé quelques chefs‑d’œuvre. Audacieux, Baptiste Drapeau a pourtant souhaité s’y frotter dès son premier long-métrage et il a bien fait : Messe basse en donne une vision étonnante, aux confins de la poésie et de l’épouvante.
De fait, ce jeune cinéaste français nous immerge dans une grande maison bourgeoise, où cohabitent une veuve solitaire (la toujours sublime Jacqueline Bisset, ici avec une couronne de cheveux blancs) et une étudiante timide et romantique (intense et parfaite Alice Isaaz). Très vite, la seconde est fascinée par la première, belle, mystérieuse, comme hantée par son mari défunt avec lequel elle continue de parler. Très vite, aussi, un jeu étrange se noue entre les deux femmes, qui vont se disputer l’amour de cet homme jusqu’à la folie…
En somme, l’attraction est de mise et à tous les niveaux ! Entre les deux héroïnes bien sûr, qui éprouvent l’une et l’autre, voire l’une pour l’autre, un méli-mélo de sentiments obscurs, justement renforcés par le huis clos. Mais encore pour ce récit finement hybride. Si Messe basse semble d’abord faire de l’œil à Claude Chabrol, avec sa trouble atmosphère provinciale et sa BO dissonante, il échappe peu à peu à cette tutelle vénéneuse pour basculer vers un cinéma fantastique joliment artisanal. Une forme naïve qui réjouit autant qu’elle effraie… Tel l’amour fou, justement. C’est dire à quel point le talent de Baptiste Drapeau se révèle palpitant.