Radical, ce drame sur le parcours bouleversé d’une jeune femme meurtrie dans l’enfance dérange. Un premier film sensible mais clivant signé Veerle Baetens, comédienne révélée dans Alabama Monroe en 2013.
Débâcle n’est pas un film aimable, mais son sujet, qui traite tout à la fois de la cruauté de l’enfance, de la lâcheté des adultes et d’une violence (sexiste et sexuelle) irréparable, ne l’est pas non plus. Débâcle n’est pas un film tiède ni facile. Il l’est d’autant moins qu’il entretient un suspense très malaisant autour de l’événement, glaçant, qui fit basculer la vie de son héroïne lorsqu’elle avait 12 ans (impossible, du coup, d’en dire davantage !). Débâcle est un premier film clivant, et c’est aussi pour cela qu’il convient d’en parler. Avant et après.
Adapté du best-seller de Lize Spit, réalisé par Veerle Baetens, intense comédienne belge révélée dans le non moins ardent Alabama Monroe en 2013, il articule son récit étouffant autour d’Eva, une jeune assistante photographe peu causante, voire très réservée, qui vit seule à Bruxelles et semble avoir coupé tout lien avec ses parents et son passé. Jusqu’au jour où elle s’invite à une soirée commémorative dans le village flamand où, petite, elle venait en vacances…
Oscillant entre le film de vengeance et le drame naturaliste, s’appuyant sur une double temporalité (hier et aujourd’hui), Débâcle est un curieux film bancal pour finir. Un brin trop limpide sinon mécanique dans sa construction (tout converge vers « la » scène traumatique originelle, insoutenable), il n’en reste pas moins très juste dans sa représentation sensible, à fleur de peau, de la pré-adolescence… juste avant la perte de l’innocence (Rosa Marchant, qui incarne la petite Eva dans les scènes de flash-backs, y est remarquable, prix d’interprétation au festival de Sundance à la clé).
Beaucoup d’empathie s’échappe donc de ce récit jalonné de silences et de révélations. Mais beaucoup de lourdeur aussi. On comprend et valide les intentions de Veerle Baetens, qui veut éveiller les consciences à travers ce parcours traumatique. Forcément bouleversant. On n’est pas sûre que le choix d’une noirceur appuyée, téléguidée, soit la meilleure façon d’y arriver.
Débâcle, de Veerle Baetens.