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©Eurozoom

"Women Do Cry" et "Ma nuit", les deux films à voir ce 9 mars

Dans les salles ce mercredi : des héroïnes bulgares qui se battent pour exister face au patriarcat et l'errance nocturne d'une adolescente qui fuit le deuil de sa soeur.

Women Do Cry, de Mina Mileva et Vesela Kazakova

Un film de combat peut-il être attachant ? Oui, da ! La preuve avec Women Do Cry. Coécrit et coréalisé par Mina Mileva et Vesela Kazakova, autrices remarquées du documentaire Cat in the Wall en 2019, ce nouvel opus entend mettre en lumière les pressions et les violences endurées par les femmes bulgares... Mais avec les armes d’un cinéma bouillonnant et décapant. Vivant !

Pour ce faire, nos deux cinéastes-résistantes braquent leurs caméras en mouvement, façon « faux docu-vérité », sur un cercle familial très féminin (en partie constitué par les sœurs de Kazakova, toutes actrices)... et très orageux ! Rien de tel que cette proximité tonitruante pour nous faire vivre de l’intérieur leur quotidien contraint et rageant. Nous voilà donc témoins, à leurs côtés, d’une manifestation ahurissante contre l’égalité des sexes, puis embarqué·es dans le cabinet d’un gynécologue qui refuse de soigner une jeune femme atteinte du sida en la traitant de « pute », ensuite immergé·es dans la dépression post-partum d’une brillante biologiste assignée à domicile par son mari qui ne veut plus voir en elle qu’une mère. Rien, décidément, qui ne donne envie de vivre dans ce pays aux valeurs patriarcales brutales et décomplexées.

Pourtant, si les deux réalisatrices vilipendent bel et bien leurs concitoyens, elles nous donnent aussi à voir un récit enlevé et poignant, entre comédie et psychodrame. Une façon très slave, finalement, de nous raconter ces vies non pas seulement en Bulgarie mais également en « Absurdie »...

Women Do Cry, de Mina Mileva et Vesela Kazakova.

Ma nuit, d’Antoinette Boulat

On est parfois trop sérieux quand on a 18 ans. Précisément, c’est l’âge de Marion, jeune fille tourmentée qui refuse de participer à la fête d’anniversaire que sa mère veut don- ner en l’honneur de sa sœur Alice, décédée il y a cinq ans. Alors elle s’enfuit et s’enfonce, désespérée, dans la nuit tiède d’un été parisien, errant d’une rue à une autre telle une ombre fantomatique. Plus seule que jamais lorsqu’elle se laisse happer par une fête improvisée... Avant qu’elle ne croise Alex, un garçon libre, spontané, avec lequel elle va traverser la ville jusqu’à l’aube...

S’inscrivant à la fois dans un sillon classique (unités de lieu et de temps) et dans la lignée de la Nouvelle Vague (histoire simple, tournage en extérieur, déambulation existentielle), Ma nuit séduit d’abord par sa grâce flâneuse et la fraîcheur de ses interprètes (Lou Lampros et Tom Mercier, l’un et l’autre magnétiques). Ne pas se fier aux apparences ! Certes, ce premier film signé Antoinette Boulat, directrice de casting chevronnée, joue la carte du tact et du frémissement, mais c’est pour mieux sonder, mine de rien, le paradoxe d’un deuil vécu par une héroïne à peine sortie de l’enfance. In fine, il restitue avec une juste gravité le sentiment de solitude provoqué par ce grand chagrin indicible, mais encore cette obligation épuisante d’avoir à donner le change en permanence. De fait, aux yeux de tous et de toutes, la jeunesse ne peut être associée qu’à la promesse du jour, certainement pas à une nuit qui semble ne jamais finir...

Ma nuit, d’Antoinette Boulat.

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