Le réalisateur suisse Lionel Baier interroge subtilement la notion de responsabilité dans sa dimension politique comme familiale tandis que l'Iranien Saeed Roustaee propose une tragicomédie familiale épatante.
SATIRE À BALLES RÉELLES
Bienvenue dans l’univers de Lionel Baier, cinéaste suisse qui porte un regard des plus piquants sur notre « grande famille » européenne ! Au cœur de son récit railleur, un duo peu ordinaire. À savoir une chargée de mission (subtile Isabelle Carré, qui joue ici l’organisatrice d’une visite « impromptue » d’Emmanuel Macron et Angela Merkel dans un camp de réfugiés en Sicile) et son fils militant, engagé dans une ONG et très remonté contre elle depuis qu’elle l’a abandonné en quittant son mari, douze ans auparavant. Entre satire politique et comédie familiale, les deux se faisant bien évidemment écho, La Dérive des continents interroge donc subtilement la notion de responsabilité (celle de l’Europe face à la crise des migrants ; celle d’une femme libre vis-à-vis de son enfant). Un voyage certes peu diplomatique, mais tout à fait réjouissant.
La Dérive des continents (au sud), de Lionel Baier.
UNE FAMILLE EXPLOSIVE
Si vous aimez les tragicomédies familiales sur fond de crise économique, où l’on s’aime, où l’on s’engueule et se déchire dans un microespace, option Affreux, sales et méchants, ce film iranien est pour vous. Réalisé par Saeed Roustaee, auteur d’un thriller époustouflant l’an dernier (La Loi de Téhéran), il peut d’autant plus s’apprécier qu’il fait la part belle à un subtil personnage féminin – la Leïla du titre, à la fois brillante et sacrificielle –, seul atout de cette nichée infernale, qui croule sous les dettes et les désillusions. Notez toutefois que ce récit ample et féroce, très critique à l’égard du pouvoir en place (et du patriarcat !), dure 2 h 49. En clair, soit il vous captivera (son filmage est souvent spectaculaire)… soit il vous épuisera.
Leïla et ses frères, de Saeed Roustaee.