Le second long-métrage de Hafsia Herzi, présenté au festival de Cannes dans la sélection Un certain regard, est en salles ce 21 juillet.
Tu mérites un amour, son premier film, était soufflant. Si libre, si lumineux, si lucide ! Bonne mère, qui lui succède à peine deux ans plus tard, confirme ce que l’on pressentait : Hafsia Herzi n’est pas une actrice qui se fait plaisir en réalisant des films. C’est une vraie cinéaste. Une grande, qui a des choses à dire et s’inscrit sans complexes dans la belle veine naturaliste de Pialat et Kechiche tout en traçant son propre sillon. Bouleversant.
Et pour cause ! Bonne mère raconte une histoire qu’Hafsia Herzi a toujours voulu écrire, celle de Nora, la cinquantaine, femme de ménage qui veille sur sa petite famille dans une cité de Marseille. Une femme droite et digne, que l’on voit avancer, obstinément, tandis que tout se délabre et s’écroule alentour, le quartier comme ses enfants. Une mère courage qui ressemble beaucoup à sa propre mère, reconnaît-elle volontiers.
Car elle ne s’en cache pas : à travers Nora, Hafsia veut donner à voir toutes ces femmes seules, isolées, invisibles, et malgré tout piliers d’un quartier et/ou d’une société ravagés par la précarité. La démarche est touchante. Elle impressionne aussi, car elle n’est jamais entachée par un sentiment de revanche. Seule l’élégance prime, qu’elle soit formelle ou morale. La meilleure des façons, en effet, pour rendre hommage à la noblesse douce et discrète de Nora (formidable Halima Benhamed !). Ajoutez à cela la langue marseillaise, crépitante de soleil et de métissages, et de multiples scènes de groupe, débordantes de tchatche et d’humour, et vous comprendrez pourquoi, in fine, Bonne mère est un film vibrant. Comme une magnifique déclaration d’amour….