Surprenant, exaltant, poignant : voilà un film qui se regarde avec une vive émotion. C’est dire si son titre – À cœur battant – est bien choisi, qui place d’emblée son récit sous le signe du sentiment amoureux, tout en promettant une pulsation inhabituelle.
Précisément, le deuxième long-métrage de Keren Ben Rafael raconte l’histoire d’un couple fusionnel qui, du jour au lendemain, se retrouve séparé. Lui, Yoval, est retenu à Tel-Aviv, sa ville natale. Elle, Julie, est restée en France avec leur bébé. Pour maintenir leur complicité, les amoureux décident de se connecter presque 24 heures sur 24 à Skype, l’idée étant de partager leur quotidien via leurs écrans. Une vie par procuration qui va assez rapidement montrer ses limites. En clair, À cœur battant raconte la décomposition d’un couple… par webcam interposée !
Soyons honnêtes : le dispositif aurait pu lasser. On n’échappe pas, d’ailleurs, aux regards caméra un brin répétitifs comme aux captations d’images un peu floues ou pixellisées. Rien de grave pourtant, au contraire ! La puissance naturaliste du filmage balaie très vite ces petits travers, de même que l’inventivité de la mise en scène et le jeu à fleur de peau des deux comédien·nes principaux (Judith Chemla et Arieh Worthalter, hyper charismatiques).
En fin de compte, on n’est pas loin de l’univers du grand Maurice Pialat. Comme lui, en effet, Keren Ben Rafael délivre la vie simplement pour mieux capturer notre humaine complexité. Ce qu’elle montre de l’amour à l’épreuve de la séparation – et de la surcommunication – est fulgurant. Ce qu’elle dit de la charge mentale pesant sur une jeune mère qui travaille aussi.