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©Thanhy Nguyen

Lancement de l’expérimentation du « Oui pub » pour lut­ter contre le gas­pillage publicitaire

Le minis­tère de la Transition éco­lo­gique a lan­cé, ce 29 sep­tembre, l'appel à can­di­da­tures rela­tif à l'expérimentation du dis­po­si­tif « Oui pub » pré­vu par la loi Climat pro­mul­guée en août. Ce der­nier vise à inter­dire la dis­tri­bu­tion de publi­ci­tés, hor­mis dans les boîtes aux lettres l'autorisant de manière visible, afin de lut­ter contre le gas­pillage publicitaire. 

894 000 tonnes. C’est le chiffre colos­sal de pros­pec­tus publi­ci­taires non-​adressés impri­més et dis­tri­bués dans les boîtes aux lettres en France en 2019 et dont la grande majo­ri­té ont été jetées avant même d’être lues1. Une source de pol­lu­tion et de gas­pillage qui repré­sente 30 kg par foyer par an et 137 000 tonnes de CO2 reje­tés dans l’atmosphère. Pour évi­ter de rece­voir cette pub non dési­rée et ain­si lut­ter contre le gas­pillage, on pou­vait depuis 2004 appo­ser l’autocollant « Stop pub » sur sa boîte aux lettres. Problème, trois Français·es sur cinq équipé·es de l’adhésif rece­vaient tou­jours des pros­pec­tus en 2020, et ce mal­gré l’encadrement de la loi qui sanc­tionne le non-​respect du Stop pub de 1500 euros2

Inverser la logique 

Pour réduire le volume de ces pros­pec­tus, la loi Climat et rési­lience votée en juillet der­nier et pro­mul­guée en août a déci­dé de s’attaquer à la racine. Fini l’autocollant « Stop pub », place au « Oui pub ». Prévue par l’article 21 de la loi Climat et rési­lience, la mesure inverse la logique, en inter­di­sant la dis­tri­bu­tion d’imprimés publi­ci­taires non-​adressés, sauf lorsque l’autorisation de les rece­voir est indi­quée de manière visible sur la boîte aux lettres, par un auto­col­lant « Oui pub ». 

Mais avant de pen­ser à une géné­ra­li­sa­tion dans toute la France, le dis­po­si­tif sera expé­ri­men­té dans quinze col­lec­ti­vi­tés ter­ri­to­riales volon­taires – dont la popu­la­tion totale ne doit pas excé­der 10 % de la popu­la­tion fran­çaise – pen­dant trois ans. Ces der­nières sont invi­tées à pré­sen­ter leurs can­di­da­tures dès à pré­sent et jusqu’au 26 novembre pro­chain pour par­ti­ci­per à l’expérience, qui démar­re­ra en jan­vier 2022. « Oui Pub est la pre­mière mesure concrète de la loi Climat et rési­lience qui concerne l’ensemble des Français, indique le minis­tère de la Transition éco­lo­gique. Elle per­met de faire entrer l’écologie dans tous les foyers. » 

Dans les col­lec­ti­vi­tés sélec­tion­nées, seul·es les citoyen·nes qui auront choi­si de col­ler le « Oui pub » rece­vront de la publi­ci­té dans leur boîte aux lettres. Pour modi­fier la quan­ti­té, les dis­tri­bu­teurs devront adap­ter la pro­duc­tion aux nombres de foyers dési­reux de rece­voir de la publi­ci­té. « La très grande majo­ri­té des pros­pec­tus pro­viennent de la grande dis­tri­bu­tion locale, sou­ligne Pierre Galio, res­pon­sable de l’agence de la tran­si­tion éco­lo­gique Ademe, qui par­ti­cipe à la mise en œuvre du dis­po­si­tif avec le minis­tère. Les col­lec­ti­vi­tés vont orches­trer des réunions avec ces dis­tri­bu­teurs locaux pour leur expli­quer que la règle a désor­mais chan­gé. » L’expérimentation devrait concer­ner tout le ter­ri­toire fran­çais avec des col­lec­ti­vi­tés rurales, semi-​rurales et urbaines, de façon à repré­sen­ter toute la population. 

Inquiétudes

Le dis­po­si­tif « Oui pub » avait fait l’objet de débat ani­més à l’Assemblée et au Sénat en juin der­nier notam­ment sur la ques­tion des impacts éco­no­miques pour le sec­teur de la pro­duc­tion publi­ci­taire. Pour certain·es élu·es, « Oui pub » met­trait en dan­ger de nom­breux emplois occu­pés par « des per­sonnes de plus en plus pré­caires ». Face à ces inquié­tudes, le minis­tère de la Transition éco­lo­gique explique que « tout l’enjeu de l’expérimentation sera jus­te­ment de mesu­rer les impacts envi­ron­ne­men­taux mais aus­si les consé­quences sur les emplois liés à l’impression, à la concep­tion et à la dis­tri­bu­tion ». Le minis­tère de Barbara Pompili sou­ligne aus­si qu'« il y a éga­le­ment d’autres canaux que la dis­tri­bu­tion en boîtes aux lettres comme l’affichage dans les maga­sins, dans la rue ou numé­rique ».

L’expérimentation com­por­te­ra éga­le­ment une ana­lyse com­por­te­men­tale. De nom­breux député·es et sénateur·rices ont en effet décla­ré lors des débats que les pros­pec­tus publi­ci­taires peuvent consti­tuer un lien social et le seul moyen de s’informer pour des per­sonnes iso­lées ou qui vivent dans des zones mal cou­vertes par inter­net. Pour elles et eux, « Oui pub » pour­rait alors ampli­fier la frac­ture ter­ri­to­riale et sociale. « L’expérimentation per­met­tra évi­dem­ment d’étudier cela », pré­cise le ministère. 

Pour par­ti­ci­per à l’expérimentation du « Oui pub », les col­lec­ti­vi­tés volon­taires peuvent can­di­da­ter à l’adresse [email protected]. L’engouement semble être déjà là puisque selon le minis­tère, une dizaine de col­lec­ti­vi­té a déjà expri­mé son inté­rêt pour le projet.

  1. Selon une enquête ADEME réa­li­sée en 2019[]
  2. Selon une enquête ADEME réa­li­sée en février et mars 2020[]
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