Confirmant les craintes de l'association L214, un arrêté publié ce 8 décembre au Journal officiel précise des exceptions à l'interdiction de tuer des poussins mâles, qui doit prendre effet au 1er janvier.
« Depuis le début, on nous mène en bateau en faisant miroiter une interdiction de la mise à mort des poussins, s'emporte Brigitte Gothière, cofondatrice de L214. En réalité, le gouvernement préparait le terrain pour que cette interdiction ne concerne pas tous les poussins, à la demande de la filière œufs. » Dans un communiqué de presse paru ce jeudi, l'association de défense des animaux conspue un arrêté pris par le gouvernement le 7 novembre et publié dans le Journal officiel du 8 décembre.
Comme L214 s'y attendait en raison des demandes formulées par les représentant·es de la filière œufs au gouvernement, cet arrêté prévoit des dérogations à l'interdiction de tuer des poussins mâles à leur naissance (dont l'industrie se débarrasse parce qu'ils ne pondent pas d'œufs), qui doit débuter ce 1er janvier 2023. En effet, il précise que pourront continuer à être tués les poussins « dont le sexe de l'embryon ne peut pas être déterminé selon une méthode basée sur la différence de couleur des plumes ». Il s'agit de la race des poules blanches, qui produisent des œufs blancs, destinés à la transformation dans l'agro-alimentaire. Mais L214 le martèle : un autre destin pour ces poussins aurait été possible grâce à la méthode de sexage in ovo de « l'analyse hormonale, utilisée en Allemagne », pays qui a déjà passé le cap de l'interdiction de tuer les poussins mâles.
En ce qui concerne les techniques de mise à mort, le ministère de l'Agriculture interdit officiellement leur broyage, en spécifiant dans l'arrêté : « La mise à mort de poussins des lignées de l'espèce Gallus gallus destinées à la production d'œufs de consommation, utilisés pour l'alimentation animale, ne peut être réalisée que par gazage ». Cette formulation, en outre, marque une différence de point de vue entre les défenseurs de la cause animale d'une part et le gouvernement d'autre part : pour ce dernier, ces mises à mort ne sont pas gratuites puisqu'elles servent à nourrir des animaux domestiques ou d'élevage.
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