Le Tour de France Femmes est de retour après 13 ans d'absence

« Cette course en étapes que l’on a entre nos mains, c’est un joyau qu’on doit ché­rir et faire per­du­rer. Je ne compte pas la lâcher ! » Par ces mots, Marion Rousse, lance la pré­sen­ta­tion des étapes du Tour de France Femmes par Zwift¹, dont elle est la direc­trice. L'ancienne cycliste, cham­pionne de France sur route en 2012, a été choi­sie par ASO (Amaury Sport Organisation), orga­ni­sa­teur du Tour, pour son expé­rience puisqu'elle a été la direc­trice adjointe du Tour de La Provence. Pour les organisateur·rices, cette pre­mière édi­tion du Tour de France Femmes marque un tour­nant his­to­rique dans l'histoire du cyclisme fémi­nin. « Notre défi, c’est de faire en sorte que cette course soit pérenne, qu’elle dure dans le temps. Qu’elle existe encore dans 100 ans », explique Christian Prudhomme, direc­teur du Tour de France. 

Après douze longues années d'absence, les femmes vont pou­voir de nou­veau cou­rir cette course mythique. Jeudi 14 octobre, au Palais des Congrès de Paris, dans le 17ᵉ arron­dis­se­ment, la salle est pleine de jour­na­listes et d'observateur·rices. Il y a aus­si des invité·es prestigieux·ses. Le prince héri­tier du Danemark, Frederik, est venu repré­sen­ter Copenhague, la ville de départ du Tour de France mas­cu­lin 2022. Le gra­tin du cyclisme mon­dial est aus­si pré­sent. Le der­nier gagnant de la Grande Boucle, le Slovène Tadej Pogačar, les champion·nes du monde, le Français Julian Alaphilippe et l'Italienne Elisa Balsamo et d'autres cyclistes encore sont venu·es assis­ter à cette présentation. 

« Elles com­men­ce­ront le dimanche 24 juillet aux Champs-​Elysées, cela per­met­tra aux filles de béné­fi­cier de la pré­sence de l’essentiel des médias qui couvrent le Tour »

Christian Prudhomme

Pour per­mettre au Tour fémi­nin de s'installer dans la durée, Christian Prudhomme est conscient que sa média­ti­sa­tion est pri­mor­diale. C'est pour­quoi, le 24 juillet pro­chain, les femmes enta­me­ront leur course aux Champs-​Elysées, juste avant que les gar­çons ne ter­minent la leur au même endroit. De plus, le direc­teur de la course a annon­cé une dif­fu­sion de 2 heures quo­ti­diennes sur les antennes de France Télévisions. Étalée sur 8 jours, la course s'achèvera le 31 juillet par une der­nière étape, mythique, « La super planche des belles filles », du nom du som­met du mas­sif des Vosges à 1140 mètre d'altitude. « Vu la dif­fi­cul­té de cette der­nière étape, il y a aura for­cé­ment des rebon­dis­se­ments et des écarts à l'arrivée », conclut Marion Rousse. 

Une longue et tumul­tueuse his­toire du Tour de France féminin 

Le Tour de France Femmes 2022 est la pre­mière édi­tion de son genre mais ce n'est pas la pre­mière fois qu'il y a une grande boucle fémi­nine. Remontons le fil de l'histoire. En 1955, le tout pre­mier Tour de France fémi­nin voit le jour, mais mal­heu­reu­se­ment, il ne s'inscrit pas dans la durée. En 1984, la socié­té du Tour décide d'établir une nou­velle course fémi­nine. À l'époque, elle est orga­ni­sée en « lever de rideau² » de l'édition mas­cu­line. Elle connait un cer­tain suc­cès mais ASO finit par aban­don­ner le pro­jet au début des années 90. Suite à cela, un Tour Cycliste Féminin est créé en 1992 par le jour­na­liste Pierre Boué. Malgré les dif­fi­cul­tés finan­cières, la course est une grande réus­site, les plus grands noms y par­ti­cipent : l'héroïne du cyclisme fémi­nin fran­çais, Jeannie Longo ou encore l’Italienne Fabiana Luperini. Finalement, le manque de média­ti­sa­tion, d'investissements finan­ciers et les nom­breux conflits avec ASO, qui oblige plu­sieurs fois la course à chan­ger de nom, poussent Pierre Boué à aban­don­ner à son tour en 2009. Depuis, aucun Tour offi­ciel n'a été mis en place. Cependant des ini­tia­tives ont vu le jour, à l'image de l'association Donnons des elles au vélo. Depuis 2015, ces cou­reuses ama­trices prennent la route du Tour de France et font les mêmes étapes que les gar­çons. Une démarche qui per­met de prou­ver que les femmes aus­si maî­trisent la petite Reine. Elles ont, en quelque sorte, eu gain de cause puisque l'édition fémi­nine de la course est enfin de retour. 

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Si pour le moment, la course est plus courte – 8 jours contre 23 pour les hommes – et la somme accor­dée aux gagnantes lar­ge­ment inégale – 50 000 euros chez les femmes contre 500 000 chez les hommes – ASO semble avoir pris la bonne route pour ins­crire l'empreinte des femmes dans le Tour de France et ce pour longtemps. 

1. pro­gramme d'entraînement phy­sique de cyclisme et de course à pied en ligne mas­si­ve­ment mul­ti­joueur qui per­met aux uti­li­sa­teurs d'interagir, de s'entraîner et de concou­rir dans un monde vir­tuel[↩]
2. Juste avant la course des hommes[↩]