La famille. Celle qu'on subit, celle qu'on chérit, celle qui se brise ou celle qu'on rafistole. Tout au long de l'été, chaque vendredi, Causette plonge au cœur de vos récits de lignées et d'hérédités. Dans notre premier épisode, Annette, 61 ans, revient sur le décès de sa grande sœur, Annie, survenu quatre ans avant sa naissance et sur les traces indélébiles qu'il a laissées.
"Je suis née en février 1960 dans une famille modeste du sud de la France. Je suis la quatrième d’une fratrie de huit enfants. Ou plutôt devrais-je dire, la cinquième d’une fratrie de neuf enfants. Quatre ans avant ma naissance, mes parents ont en effet perdu tragiquement une petite fille, Annie. Je suis née pour remplacer cette petite fille qui n’existait plus. Je suis ce qu’on appelle un enfant de remplacement.
Annie a vu le jour en juin 1954 dans la ferme familiale. À l'époque, mes parents vivaient avec ma grand-mère paternelle, Clémentine, qui selon ma mère avait tout de la marâtre acariâtre. Annie a attrapé très tôt la maladie de la coqueluche qui se traduisait par des quintes de toux violentes et incontrôlables. Une nuit, alors que la petite fille de 2 ans ne faisait que de tousser, ma grand-mère qui ne supportait pas le bruit a demandé à ma mère d’installer le lit d’Annie dans l’arrière cuisine, ce qu’elle fit à contrecœur. Elle ne s’est jamais pardonnée d’avoir cédé au[…]