Palais de lElysée Entrée
Palais de l'Élysée © Wikimedia commons

Macron round 2 : paye ta « Renaissance »

Si la réinvestiture de Darmanin et la nomination de Stanislas Guerini sont une gifle aux combats féministes, la nouvelle ministre déléguée à l'Égalité entre les femmes et les hommes, Isabelle Rome, est un espoir.

ÉDITO. Le navigateur en chef avait annoncé avoir réglé sa boussole. Le 7 mai, lors de son discours d'investiture, Emmanuel Macron promettait de devenir « un président nouveau » pour « un mandat nouveau ». Pour l'occasion, il avait même troqué le nom de La République en Marche en Renaissance, pour mieux nous vendre le changement. Pas qu'on y croyait des masses, on a passé l'âge de la naïveté béate, mais tout de même : on a certes depuis lundi une première ministre en la personne d'Élisabeth Borne mais à moins d'un miracle aux législatives, on est reparties pour se repayer du Éric Dupond-Moretti (Justice, avec ses casseroles de sorties sexistes) Gérald Darmanin (Intérieur) pour cinq ans. Avec l'entrée notable d'un petit nouveau en prime : Stanislas Guerini, bombardé à la Fonction publique (le même qui, la veille, nous expliquait que l'ex-candidat Renaissance aux législatives Jérôme Peyrat, condamné pour violences conjugales, était en fait un « honnête homme »).

Lire aussi l Législatives : l'« honnête homme » Jérôme Peyrat, condamné pour violences conjugales, renonce à sa candidature

De quoi nous donner quelques bonnes raisons de vouloir cramer les poubelles devant l'Élysée. Ou devant la place Beauvau, en fait. Car on l'a dit et on continuera de le dire pendant cinq ans encore s'il le faut : avoir comme ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin est une gifle faite aux femmes.

Le retour du cowboy

Certes, le 14 janvier dernier, un non-lieu était requis dans l'affaire qui l'oppose à Sophie Patterson-Spatz, qui l'accuse de viol dans un contexte où elle était en position de faiblesse. Mais on n'oubliera pas les justifications données en 2020 à La Voix du Nord de celui qui assure que la relation était consentie : « C’est vrai, [j'ai] eu une vie de jeune homme. » Certes encore, il a bénéficié en mai 2018 du classement sans suite d'une enquête dans une autre affaire. Mais quand celle-ci comporte des éléments similaires à l'affaire sus-citée (une accusation d'abus de faiblesse d'une femme affirmant qu'en 2015 à Tourcoing, alors qu'il était député, elle avait dû céder à des relations sexuelles en échange de l'obtention d'un logement et d'un emploi), le malaise s'épaissit.

Quant à regarder son bilan à l'Intérieur, sa nouvelle nomination ressemble à une prime aux actions de cowboy en plein Far-West. Son indulgence quant aux violences policières ou face aux cas de policiers condamnés pour violences conjugales, les chiffres toujours désastreux des féminicides, ou encore les tentes de migrant·es lacérées à Calais par ses équipes policières parlent d'eux-mêmes. Se débarrasser de Darmanin à l'occasion de la constitution du nouveau gouvernement préfigurant l'inflexion donnée aux cinq prochaines années semblait être une évidence après un premier mandat passé sous les réclamations, en manifestation comme sur les réseaux sociaux, de #DarmaninDémission. Cela ne sera même pas accordé aux citoyen·nes de gauche qui se sont obligé·es à voter Emmanuel Macron au second tour de la présidentielle pour ne pas voir gagner Marine Le Pen.

Quoi d'autre ? Eh bien, on garde Dupont-Moretti connu pour ses saillies sexistes à la Justice, et Guerini est bombardé ministre.

Tout miser sur Isabelle Rome

Dans ce marasme, on prendra toutefois le temps de saluer - pour le bien de notre santé mentale et par fair-play - la nomination d'Isabelle Rome au ministère délégué chargé de l’égalité entre les femmes et les hommes, de la diversité et de l’égalité des chances. La magistrate de 59 ans, passée par le Haut conseil à l'égalité (HCE), occupait jusque là le poste de haute fonctionnaire à l'égalité femmes-hommes du ministère de la Justice, depuis 2018.

À Lyon où elle débute sa carrière, elle fut tour à tour juge de l'application des peines, juge d’instruction, ou encore administratrice d'associations d'aide aux détenu·es, aux toxicomanes et aux réfugié·es. Dans l'Oise, elle fonde l'association Femmes de Libertés. Puis présidera les cours d'assises à la cour d'appel de Versailles. Bref : elle connait les dossiers et est une promesse de véritables convictions sur les droits des femmes, et parmi elles des femmes les plus en difficulté. Elle est aussi celle qui, par son expérience de magistrate, pourrait faire beaucoup pour les femmes victimes de violences, qu'elles soient conjugales ou sexuelles. On lui souhaite beaucoup de force pour mener le bras de fer des idées avec Darmanin.

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