La création d'un titre de séjour pour les métiers en tension devrait représenter « quelques milliers » de régularisations de travailleur·euses sans papiers selon le gouvernement.
Le projet de loi sur l’immigration a beau n’avoir pas encore été discuté au Parlement – il devrait l’être courant mars au Sénat puis en mai ou en juin à l'Assemblée nationale –, il a déjà suscité beaucoup de réactions depuis sa présentation. Parmi les mesures les plus emblématiques du texte présenté la semaine dernière en Conseil des ministres, la création d’un titre de séjour pour les travailleur·euses sans papiers, qui exercent un métier en tension. Cela représentera « quelques milliers » de régularisations par an, a indiqué samedi 4 février le ministre du Travail Olivier Dussopt.
« C’est vraiment une avancée concrète, se félicite Marilyne Poulain, ancienne référente migrant·es au sein de la CGT, qui connaît ce sujet sur le bout des doigts. Il y a un changement de paradigme par rapport au premier quinquennat, au cours duquel l’immigration économique a été totalement occultée. La réalité sociale du pays est enfin prise en compte car des pans d’activité entiers fonctionnent grâce à ces travailleurs et ces travailleuses. » BTP, propreté, aide à la personne, monde agricole… De très nombreux secteurs emploient des étrangers en situation irrégulière. Si Marilyne Poulain se réjouit de ce futur titre, c’est parce qu’il permettra aux sans-papiers d’avoir plus de droits.
Aujourd’hui, une personne sans titre de séjour qui souhaite exercer un métier doit d’abord obtenir une autorisation sollicitée par l’employeur. « Si le texte est adopté, les travailleurs et travailleuses ne seront plus liés à un patron mais à une liste des métiers. On peut regretter que ça soit limité à quelques professions, mais ça a le mérite de casser cette forme de dépendance », commente la spécialiste, qui espère que les futurs titres de séjour seront attribués pour une longue durée et que la liste des postes en tension établie par le ministère du Travail ne changera pas trop
souvent.