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Olivier Dussopt le 1er mai 2023 sur BFM TV © capture d'écran BFM TV

RSA sous condi­tion : Olivier Dussopt vise une appli­ca­tion « pro­gres­sive » de la réforme dès 2024

Le ministre du Travail a choi­si la date du 1er mai pour détailler les moda­li­tés de ce RSA sous condi­tion de consa­crer « 15 à 20 heures » de for­ma­tion et d’insertion par semaine, actuel­le­ment tes­té par dix-​huit départements.

« Vous ne pro­po­sez pas à une mère céli­ba­taire avec trois enfants une offre de for­ma­tion de 17 à 20 heures ou alors vous lui pro­po­sez la solu­tion de garde qui va avec, a lan­cé Olivier Dussopt lun­di 1er mai dans un entre­tien don­né à BFMTV. Si elle nous dit qu’elle ne veut pas jouer le jeu de l’insertion et du retour à l’emploi, nous faci­li­te­rons la sanc­tion en matière de sus­pen­sion. » Le ministre du Travail a choi­si la Journée inter­na­tio­nale des tra­vailleurs pour détailler l'état d'esprit d'une réforme contro­ver­sée, celle dite de « l'accompagnement réno­vé des allo­ca­taires du Revenu de soli­da­ri­té active (RSA) », tout en annon­çant qu'elle com­men­ce­rait à être effec­tive « pro­gres­si­ve­ment » à par­tir de 2024.

Avec la réforme du RSA, qui s'inscrit dans le pro­ces­sus de trans­for­ma­tion de Pôle emploi en « France Travail » comme annon­cé par le gou­ver­ne­ment en avril, c'est tout un para­digme qui est ren­ver­sé : si, jusqu'à pré­sent, cette allo­ca­tion de 607,75€ était ver­sée comme un filet de sécu­ri­té sans condi­tion aux per­sonnes n'ayant aucune source de reve­nu, c'est sous condi­tion qu'elle le sera désor­mais. En effet, l'allocataire devra s'acquitter de « 15 à 20 heures » par semaine d'heures de for­ma­tion et d’insertion pour pou­voir y prétendre. 

Radiations faci­li­tées

Le gou­ver­ne­ment entend don­ner plus de moyens aux Départements, qui dis­tri­buent cette allo­ca­tion, pour sanc­tion­ner les per­sonnes qui ne res­pectent pas ces obli­ga­tions. « Le pré­sident du Conseil dépar­te­men­tal, qui est com­pé­tent en matière de RSA et de ver­se­ment des allo­ca­tions, pour­ra plus faci­le­ment qu’aujourd’hui sus­pendre le RSA dans un pre­mier temps et ensuite éven­tuel­le­ment le radier comme c’est déjà le cas aujourd’hui, a indi­qué le ministre. Depuis 1988, la loi pré­voit la pos­si­bi­li­té de sup­pri­mer le RSA. »

Répondant à la contro­verse, audible dans les rangs de la gauche, au sujet de la nou­velle condi­tion­na­li­té d'une aide pen­sée à sa créa­tion comme un devoir de la socié­té envers les plus fra­giles, le ministre a d'abord conve­nu que « le RSA est un reve­nu de sur­vie » et que « per­sonne n'est riche ou ne vit avec ». Mais il a ajou­té : « Je consi­dère que dire que nous devrions ver­ser le RSA sans nous inté­res­ser à la contre­par­tie, aux par­cours d’insertion est d’une immense hypo­cri­sie car la socié­té n’est pas quitte de son devoir de soli­da­ri­té quand elle a ver­sé 607 euros à un indi­vi­du. Elle l’est quand elle l’a aidé à retour­ner en emploi car je n’ai pas trou­vé plus effi­cace pour sor­tir de la pré­ca­ri­té et retrou­ver de l’autonomie et de la digni­té que d’avoir un emploi et d’en vivre. »

La Seine-​Saint-​Denis claque la porte de l'expérimentation

Le RSA sous condi­tions est actuel­le­ment tes­té dans dix-​huit dépar­te­ments : l’Aisne, l’Aveyron, les Bouches-​du-​Rhône, la Côte‑d’Or, la Creuse, l’Eure, l’Ille-et-Vilaine, la Loire-​Atlantique, le Loiret, la Mayenne, la Métropole de Lyon, le Nord, les Pyrénées-​Atlantiques, la Réunion, la Somme, les Vosges, l’Yonne et les Yvelines. Fin mars, le Conseil dépar­te­men­tal de Seine-​Saint-​Denis – dépar­te­ment le plus pauvre de France – avait annon­cé avoir refu­sé l'expérimentation sur son ter­ri­toire. « La doc­trine por­tée par le gou­ver­ne­ment en matière de condi­tion­na­li­té des aides sociales […] me paraît une grave entorse à notre République », avait écrit le pré­sident PS du Conseil dépar­te­men­tal, Stéphane Troussel, dans un cour­rier adres­sé à Olivier Dussopt, rap­porte Libération.


En Italie, Giorgia Meloni sup­prime le reve­nu de citoyenneté

L'annonce a, elle aus­si, eu lieu lun­di 1er mai. « Nous réfor­mons le reve­nu de citoyen­ne­té pour faire la dif­fé­rence entre ceux qui sont capables de tra­vailler et ceux qui ne le sont pas », a décla­ré la pre­mière ministre ita­lienne d'extrême droite Giorgia Meloni. Mis en place par le Mouvement 5 étoiles en 2019 pour « abo­lir la pau­vre­té », le reve­nu citoyen aurait per­mis de sor­tir un mil­lion de per­sonnes de la pau­vre­té, selon l'institut citoyen de la sta­tis­tique cité par Le Monde.

Cette aide sociale, d'un mon­tant moyen de 550 euros, sera rem­pla­cée par un « chèque d'inclusion » à comp­ter du 1er jan­vier 2024, a pré­ci­sé Giorgia Meloni. Ce dis­po­si­tif sera beau­coup plus res­tric­tif : le gou­ver­ne­ment entend le réser­ver « aux familles ayant à leur charge des enfants, des per­sonnes de plus 60 ans ou des per­sonnes han­di­ca­pées », détaille Le Monde, et sera pla­fon­né à 500 euros par mois. Une manière « d’honorer les tra­vailleurs en ce jour de fête », a ajou­té la pré­si­dente du Conseil dans un com­mu­ni­qué. Pour Elly Schlein, figure mon­tante de la gauche et cheffe du Parti démo­crate inter­ro­gée par La Stampa, ce « décret tra­vail » consti­tue une « condam­na­tion à la pré­ca­ri­té » pour les travailleur·euses italien·nes et une « insup­por­table provocation ».

Lire aus­si l Aucune sur­prise : le gou­ver­ne­ment se fait une idée com­plè­te­ment gro­tesque de « l'apaisement »

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