Éliane Assassi, sénatrice (PCF) de la Seine-Saint-Denis, est rapporteuse de la commission d’enquête sur les cabinets de conseil au Sénat, publiée en mars dernier, répond aux questions de Causette.
Causette : Votre rapport présente le recours aux cabinets de conseil (tels que McKinsey) comme un « phénomène tentaculaire ». Depuis quand est-ce le cas ?
Éliane Assassi : Le phénomène ne date pas d’hier. Le problème, c’est leur usage exponentiel. Le marqueur est la Révision générale des politiques publiques mise en place par Nicolas Sarkozy, qui a ouvert la voie à l’introduction des cabinets de conseil dans les affaires de l’État. Dès qu’Emmanuel Macron est arrivé au pouvoir, on a noté un rebond de la pratique, avec des cabinets avec lesquels il avait déjà travaillé.
Comment peut-on encadrer leur activité ?
É. A. : Dans le rapport, nous avons formulé quinze propositions, que nous avons réintroduites cet été dans une proposition de loi. Elles tournent autour de la transparence : il faudrait que l’État indique clairement la nature des appels d’offres et des missions. Nous proposons que leur cadre soit examiné par la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique et qu’il y ait pour chacune un plafond de financement. Ces propositions ont fait consensus au sein de la commission d’enquête, qui était, il faut le souligner, transpartisane.
Le président de la commission des finances, Éric Coquerel (LFI), a demandé un rapport parlementaire en plus sur le sujet. Les choses sont- elles prêtes à bouger ?
É. A. : Le travail a déjà été fait et reconnu. Il aurait été peut-être plus pertinent de lancer un rapport sur un autre sujet : l’optimisation et l’évasion fiscales. Mais ce que nous espérons voir aboutir, c’est que le gouvernement dépose lui-même la proposition de loi au Parlement. Le président du Sénat [Gérard Larcher, LR, ndlr] m’a fait savoir que le texte serait de toute façon examiné à la rentrée.