L'association Act-Up Paris dévoile, ce jeudi, un document regroupant de très nombreuses recommandations afin d'améliorer l'accès des prostitué·es à leurs différents droits.
Plus de cinquante pages de propositions. À l'occasion de la journée internationale des droits des travailleur·ses du sexe (TDS), ce jeudi 3 mars, Act Up-Paris, qui lutte contre le VIH et le Sida, a dévoilé un document regroupant ses observations et ses recommandations pour garantir l'accès aux droits sociaux et de santé à ces dernier·ères. L'association, en lien avec d'autres accompagnant les TDS, souhaite agir, notant « une répression accrue ces dernières décennies à cause d’un arsenal législatif punitif ».
Depuis la promulgation en 2016 de la loi pénalisant le·la client·e de la prostitution, les prostitué·es dénoncent régulièrement l'aggravation et la précarisation de leurs conditions de travail. « En France, ce dispositif a immédiatement détérioré les conditions de travail, de ressources, d’accès au soin et à la santé des TDS tout en provoquant une augmentation des violences », constate Act-Up Paris. Avant de souligner que les client·es étant donc plus rares, la situation leur permet de « négocier voire d’imposer leurs conditions, tant concernant les pratiques que les tarifs ».
Et si le délit de racolage n'existe plus, les travailleur·ses du sexe « sont toujours criminalisé·es en France », l'association dénonçant « un arsenal juridique contraignant », sous la forme d'arrêtés anti-prostitution, anti-stationnement des camionnettes, anti-nuisance sur la voie publique dans différentes villes, comme Paris, Lyon et Toulouse.
Une approche interministérielle
Act-Up Paris préconise donc, d'abord, d'abroger ces différentes mesures locales ainsi que la pénalisation des client·es des protitué·es majeures. L'association demande aussi au ministère de la Justice et à la Commission nationale consultative des droits de l'homme (CNCDH) de réaliser un rapport sur la criminalisation des travailleur·ses du sexe en France. Plusieurs recommandations sont également faites pour aider les TDS migrant·es, comme la fin des « contrôles discriminatoires ».
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Les TDS faisant partie des populations les plus exposées au VIH et infections sexuellement transmissibles (IST), Act-Up Paris demande à ce que ces dernier·ères soient mieux intégrées aux politiques de réduction des risques et qu'un meilleur accompagnement leur soit proposé afin qu'ils et elles soient pleinement conscient·es de leurs droits. L'association souligne que les protitué·es et les associations qui les protègent doivent être inclu·ses dans les politiques de santé publique les concernant.
D'autres recommandations sont enfin faites concernant la lutte contre la traite des êtres humains, l'accès à la justice des TDS, et plus largement sur la meilleure reconnaissance des discriminations qui leur sont faites. « Nous dressons un état des lieu dramatique pour les droits humains des travailleur·ses du sexe qui exercent en France. On ne peut rester pudique et muet face à ces injustices criantes qui nécessitent un travail de fond », conclut Act-Up Paris, demandant alors « une approche interministérielle de l’action publique en direction des TDS ».