Selon un sondage de la Ligue contre le cancer dévoilé ce lundi 18 décembre, 70 % des Français·es interrogé·es ne voient “aucun problème à laisser des mineurs boire” de l'alcool durant la période des fêtes. Pire, pour un tiers d’entre eux·elles, c’est même le “bon moment”.
À une petite semaine de Noël, un sondage met en lumière les habitudes de consommation d’alcool des Français·es pendant la période des fêtes. D’après un sondage OpinionWay commandé par la Ligue contre le cancer, dévoilé par Radio France et Libération ce lundi 18 décembre, 70 % des personnes interrogées “ne voient aucun problème à laisser des mineurs consommer de l’alcool” pendant la période des fêtes de fin d’année.
Ils·elles sont aussi “30 % à estimer qu’il est possible de servir de l’alcool à des adolescent·es de moins de 15 ans”. Pire, près d’un tiers des interrogé·es (32 %) estiment même que “les fêtes de fin d’année sont le bon moment pour faire goûter de l’alcool aux enfants pour la première fois”. Selon le sondage d’OpinionWay, l’âge moyen jugé acceptable pour faire goûter de l’alcool pour la première fois à un·e mineur·e est de 15 ans pour le cidre, 16 ans pour le champagne, la bière et le vin et 17 ans pour les alcools forts.
Quant au risque de faire consommer de l’alcool à des mineur·es, 35 % des Français·es interrogé·es et 38 % des parents d’enfants de moins de 18 ans pensent que “boire de l’alcool avant sa majorité n’influence pas la consommation d’alcool à l’âge adulte”.
Conséquences néfastes
Cette permissivité intrafamiliale vis-à-vis de l’alcool a pourtant des conséquences dramatiques. “On sait que plus on commence tôt, plus il y a une habitude du cerveau et une appétence, c’est-à-dire une envie d’y retourner qui va être importante. Et plus on commence tôt, plus les effets de l’alcool sont majorés, puisque les organes ne sont pas terminés, ils sont en cours de construction”, alerte Emmanuel Ricard, porte-parole de la Ligue contre le cancer, au micro de France Inter.
Autre chiffre. Si 53 % des Français·es interrogé·es par OpinionWay envisagent de “baisser le budget alcool en raison de l’inflation”, pour près de 4 personnes sur 10, la consommation d’alcool lors des fêtes de fin d’année reste “essentielle”.
Deuxième facteur de cancer en France
L’alcool est pourtant le deuxième facteur de cancer en France et parmi les premières causes d’hospitalisation, comme le rappelle Emmanuel Ricard. “Notre pays a toujours eu une position ambiguë vis-à-vis de l’alcool”, alerte de son côté Daniel Nizri, président de la Ligue contre le cancer, au micro de France Inter. Il dénonce notamment l’inaction des pouvoirs publics. “Les paradoxes des messages de prévention et des messages envoyés par les pouvoirs publics qui n’agissent souvent qu’avec modération, ont une conséquence très claire : si les Français, et tout particulièrement les parents, sont conscients de la nécessité de réduire la consommation d’alcool et de l’interdire pour les plus jeunes, ils banalisent souvent leur propre consommation et celles de leurs enfants.”
L’annulation, en septembre, par le ministère de la Santé de deux campagnes de prévention contre l’alcool préparées par Santé publique France, dont une devait être diffusée cet automne durant la Coupe du monde de rugby, en est le parfait exemple.
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