Pêche : deux jour­nées d’opération « ports morts » pour pro­tes­ter contre les contraintes réglementaires

Le comi­té natio­nal des pêches mari­times et des éle­vages marins a appe­lé à deux jour­nées de blo­cage des ports ces jeu­di et ven­dre­di. Une mobi­li­sa­tion inédite dénon­çant « une série d'attaques », liées en par­tie à la mon­tée de pré­oc­cu­pa­tions éco­lo­giques appe­lant à régu­ler l'activité.

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© Krisztian Tabori

De nom­breux ports de pêche fran­çais sont à l’arrêt ce jeu­di 30 et devraient l'être éga­le­ment ven­dre­di 31 mars. « La filière pêche fran­çaise tra­verse une période par­ti­cu­liè­re­ment dif­fi­cile, mar­quée par des défis sans pré­cé­dent et une souf­france qui s'accentue de jour en jour », affirme France Filière Pêche, dans une lettre ouverte adres­sée au pré­sident de la République mer­cre­di 29 mars. Les pêcheur·euses réclament un sou­tien du gou­ver­ne­ment alors que le « sec­teur est aujourd'hui fra­gi­li­sé par une série d'attaques et de contraintes régle­men­taires ».

Entre mani­fes­ta­tion à Rennes et blo­cage du port de Boulogne-​sur-​Mer, prin­ci­pal port de pêche fran­çais, la colère monte chez les pêcheur·euses. En cause, une « accu­mu­la­tion des normes, des menaces, des conten­tieux » qui « remettent en cause le fon­de­ment même de notre métier en nous culpa­bi­li­sant », a fait valoir le comi­té natio­nal des pêches mari­times et des éle­vages marins (CNPMEM) dans un com­mu­ni­qué

Plus de 500 dau­phins échoués en dix jours

Les pêcheur·euses pro­testent notam­ment contre la fer­me­ture pro­gram­mée de zones de pêche dans le golfe de Gascogne. Une mesure ordon­née par le Conseil d'État, sai­si par des asso­cia­tions de défense de l'environnement, dans le but de pro­té­ger les céta­cés des prises acci­den­telles dans les filets. Cette déci­sion a été prise après que plus de 500 cadavres de dau­phins ont été retrou­vés sur les côtes des plages atlan­tiques entre le 10 et le 20 mars. 

Mais cette mesure s’ajoute à d’autres dif­fi­cul­tés aux­quelles la filière était déjà confron­tée, à com­men­cer par le Brexit qui « a pri­vé cer­tains pêcheurs fran­çais de l'accès aux eaux bri­tan­niques et fait perdre des quo­tas », ou encore « le plan WestMed [il s'agit d'un plan de ges­tion plu­ri­an­nuel pour les pêche­ries en Méditerranée occi­den­tale ini­tié par l'Union euro­péenne, ndlr] qui a dimi­nué le nombre de jours d'accès en mer des pêcheurs concer­nés, ces deux élé­ments ayant eu pour consé­quence de faire plon­ger la ren­ta­bi­li­té éco­no­mique des entre­prises, les contrai­gnant à mettre de trop nom­breux bateaux à la casse », pré­cise France Filière Pêche dans sa lettre ouverte. 

Les pêcheur·euses n'oublient pas non plus de rap­pe­ler au pré­sident Emmanuel Macron qu’elles et eux aus­si sont vic­times de la hausse du prix du gazole qui « pèse lour­de­ment sur les coûts d'exploitation de l'ensemble de la filière ». Mais sur­tout, ils et elles sou­haitent se battre contre un pro­jet euro­péen en dis­cus­sion, visant à inter­dire cer­taines pêches dans les aires marines pro­té­gées. En somme, la filière se retrouve désta­bi­li­sée par la néces­si­té éco­lo­gique de se régu­ler, tant pour des ques­tions de bio­di­ver­si­té que pour des ques­tions de via­bi­li­té des res­sources halieu­tiques, en forte baisse en rai­son des tech­niques de pêche inten­sive à l'œuvre ces der­nières années.

Un sou­tien de l’Etat 

Des pré­oc­cu­pa­tions de la socié­té civile comme de certain·es poli­tiques dif­fi­ciles à entendre pour les pêcheur·euses. « Aujourd'hui, la situa­tion est telle que seul un pois­son sur quatre ven­du sur nos étals est issu de la pêche tri­co­lore », alerte Frédéric Toulliou, pré­sident de France Filière Pêche dans sa lettre ouverte à Emmanuel Macron. En 30 ans, le nombre de bateaux de pêche pro­fes­sion­nelle a chu­té de 53% en France, 8 771 navires en 1990 et 4 153 en 2019. La filière pêche attend un sou­tien du gou­ver­ne­ment pour « assu­rer sa péren­ni­té, contri­buer à notre sou­ve­rai­ne­té ali­men­taire et offrir à nos consom­ma­teurs des pro­duits de qua­li­té tout en pré­ser­vant nos res­sources marines »

Dans l’attente d’une réponse, « le CNPMEM appelle tous les repré­sen­tants pro­fes­sion­nels à sus­pendre leur par­ti­ci­pa­tion aux ins­tances de ges­tion envi­ron­ne­men­tales ».

À lire aus­si I Place des Invalides à Paris, 400 dau­phins échoués pour dénon­cer des pra­tiques de pêche tou­jours plus mortelles

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