Le comité national des pêches maritimes et des élevages marins a appelé à deux journées de blocage des ports ces jeudi et vendredi. Une mobilisation inédite dénonçant « une série d'attaques », liées en partie à la montée de préoccupations écologiques appelant à réguler l'activité.
![Pêche : deux journées d’opération « ports morts » pour protester contre les contraintes réglementaires 1 white and gray fish net](https://www.causette.fr/wp-content/uploads/2023/03/91hgahpmkry-819x1024.jpg)
De nombreux ports de pêche français sont à l’arrêt ce jeudi 30 et devraient l'être également vendredi 31 mars. « La filière pêche française traverse une période particulièrement difficile, marquée par des défis sans précédent et une souffrance qui s'accentue de jour en jour », affirme France Filière Pêche, dans une lettre ouverte adressée au président de la République mercredi 29 mars. Les pêcheur·euses réclament un soutien du gouvernement alors que le « secteur est aujourd'hui fragilisé par une série d'attaques et de contraintes réglementaires ».
Entre manifestation à Rennes et blocage du port de Boulogne-sur-Mer, principal port de pêche français, la colère monte chez les pêcheur·euses. En cause, une « accumulation des normes, des menaces, des contentieux » qui « remettent en cause le fondement même de notre métier en nous culpabilisant », a fait valoir le comité national des pêches maritimes et des élevages marins (CNPMEM) dans un communiqué.
Plus de 500 dauphins échoués en dix jours
Les pêcheur·euses protestent notamment contre la fermeture programmée de zones de pêche dans le golfe de Gascogne. Une mesure ordonnée par le Conseil d'État, saisi par des associations de défense de l'environnement, dans le but de protéger les cétacés des prises accidentelles dans les filets. Cette décision a été prise après que plus de 500 cadavres de dauphins ont été retrouvés sur les côtes des plages atlantiques entre le 10 et le 20 mars.
Mais cette mesure s’ajoute à d’autres difficultés auxquelles la filière était déjà confrontée, à commencer par le Brexit qui « a privé certains pêcheurs français de l'accès aux eaux britanniques et fait perdre des quotas », ou encore « le plan WestMed [il s'agit d'un plan de gestion pluriannuel pour les pêcheries en Méditerranée occidentale initié par l'Union européenne, ndlr] qui a diminué le nombre de jours d'accès en mer des pêcheurs concernés, ces deux éléments ayant eu pour conséquence de faire plonger la rentabilité économique des entreprises, les contraignant à mettre de trop nombreux bateaux à la casse », précise France Filière Pêche dans sa lettre ouverte.
Les pêcheur·euses n'oublient pas non plus de rappeler au président Emmanuel Macron qu’elles et eux aussi sont victimes de la hausse du prix du gazole qui « pèse lourdement sur les coûts d'exploitation de l'ensemble de la filière ». Mais surtout, ils et elles souhaitent se battre contre un projet européen en discussion, visant à interdire certaines pêches dans les aires marines protégées. En somme, la filière se retrouve déstabilisée par la nécessité écologique de se réguler, tant pour des questions de biodiversité que pour des questions de viabilité des ressources halieutiques, en forte baisse en raison des techniques de pêche intensive à l'œuvre ces dernières années.
Un soutien de l’Etat
Des préoccupations de la société civile comme de certain·es politiques difficiles à entendre pour les pêcheur·euses. « Aujourd'hui, la situation est telle que seul un poisson sur quatre vendu sur nos étals est issu de la pêche tricolore », alerte Frédéric Toulliou, président de France Filière Pêche dans sa lettre ouverte à Emmanuel Macron. En 30 ans, le nombre de bateaux de pêche professionnelle a chuté de 53% en France, 8 771 navires en 1990 et 4 153 en 2019. La filière pêche attend un soutien du gouvernement pour « assurer sa pérennité, contribuer à notre souveraineté alimentaire et offrir à nos consommateurs des produits de qualité tout en préservant nos ressources marines ».
Dans l’attente d’une réponse, « le CNPMEM appelle tous les représentants professionnels à suspendre leur participation aux instances de gestion environnementales ».
À lire aussi I Place des Invalides à Paris, 400 dauphins échoués pour dénoncer des pratiques de pêche toujours plus mortelles