Une semaine après la publication d’une photographie montrant trois députés du Rassemblement national poser devant une pancarte “Va faire la soupe salope”, l’association féministe les Chiennes de garde rappelle dans un communiqué que l’outrage sexiste est un délit, punissable par la loi.
“Insulter une femme, c’est insulter toutes les femmes.” Dans un communiqué envoyé jeudi 1er février, l’association féministe les Chiennes de garde apporte son soutien à Sandrine Rousseau et Marine Tondelier. La députée écologiste de Paris et la secrétaire nationale des Écologistes ont récemment été visées par une insulte sexiste. Sur une photographie prise le 26 janvier dernier, dans le cadre d’une manifestation des agriculteur·rices sur l’autoroute A9, trois députés du Rassemblement national (RN) de l’Aude, Christophe Barthès, Julien Rancoule et Frédéric Falcon avaient fièrement posé, écharpe tricolore en bandoulière, devant une pancarte affichant “Va faire la soupe salope”. Sur un autre cliché, l’un d’eux, large sourire aux lèvres, avait même brandi son pouce en l’air. Publiées par Julien Rancoule et Christophe Barthès sur X (anciennement Twitter), les deux photos ont été supprimées depuis.
L’insulte misogyne viserait directement – sans les nommer – Sandrine Rousseau et Marine Tondelier, faisant référence à un échange violent lors d’un déplacement des écologistes sur un domaine viticole de l’Aude en juin dernier. Alors qu’elles étaient venues apporter leur soutien aux opposant·es d’un projet de golf dans la région, un viticulteur présent avait lancé “Va faire la soupe, salope !” à leur passage.
Si les photos des députés RN prises fin janvier ont été supprimées, “l’outrage sexiste demeure”, affirme l’association les Chiennes de garde dans leur communiqué. “Au lendemain de la Journée officielle contre le sexisme du 25 janvier et alors que l’égalité femmes-hommes serait la grande cause des deux quinquennats, malgré tout, ce type d’insulte perdure et trop peu de sanctions sont appliquées, ce qui montre une fois de plus et de trop que le sexisme est structurel dans notre société”, écrit-elle.
Un délit
L’association féministe a également rappelé que l’outrage sexiste, qui consiste à imposer à quelqu’un un propos ou un comportement à connotation sexuelle ou sexiste, et qui porte atteinte à sa dignité, est un délit. Depuis le 1er avril 2023, l’outrage sexiste n’est effectivement plus considéré comme une contravention mais comme un délit. De fait, il peut être sanctionné par une amende allant jusqu’à 1 500 euros. Dans leur communiqué – également signé par des militantes féministes et des élues de gauche, dont la sénatrice de l’Oise, Laurence Rossignol –, les Chiennes de garde demandent aux trois députés d’extrême droite de “présenter des excuses” à Sandrine Rousseau et Marine Tondelier.
Contacté par Causette, l’association féministe a indiqué ne pas avoir porté plainte pour outrage sexiste, mais se tenir “prête” pour le faire. “Il faudrait que Marine Tondelier et Sandrine Rouseau soient d’accord”, a‑t-elle ajouté. L’association “encourage Marine Tondelier” à porter plainte, précisant que “ce choix lui appartient”. De son côté, Sandrine Rousseau a annoncé sur X, le 29 janvier ,avoir déposé une demande de sanction auprès de la présidence de l’Assemblée nationale. “Une procédure judiciaire est en cours sur ces propos”, a‑t-elle aussi précisé. Sandrine Rousseau a en effet déposé plainte pour “outrage adressé à une personne dépositaire de l’autorité publique”, en juin dernier, à l’encontre du viticulteur l’ayant insultée.
Quant aux députés du Rassemblement national, Julien Rancoule s’est exprimé auprès du média L’Indépendant, affirmant “qu’ils n’auraient pas utilisé les termes employés évidemment” mais que ces propos ne sont pas sexistes, assénant même qu’ils sont “devenu un slogan”.