Plusieurs associations alertent sur les risques vis-à-vis de la protection des données personnelles dans l'usage de « Mon espace santé ».
La plateforme de santé numérique lancée par le gouvernement mi-février présente des risques pour la protection de nos données, alertent plusieurs associations et spécialistes. Censée faciliter la prise en charge en donnant accès à notre historique médical aux soignant·es, Mon espace santé expose à « des problèmes de hacking », analyse Coralie Lemke, journaliste spécialiste du numérique, autrice de Ma santé, mes données (éd. Premier Parallèle, 2021). « Une bonne nouvelle : ce sont des entreprises françaises qui ont été choisies pour gérer ces données. Elles seront donc protégées par la loi européenne. Mais avec le Covid et la baisse des moyens pour la santé, on note plus de 475 % d’attaques contre les données des établissements de santé. Je ne vois pas pourquoi Mon espace santé serait épargné. »
D’autant qu’il s’agit des données « qui ont le plus de valeur sur le marché noir et pour les assurances », souligne Juliette Alibert, avocate de l’association InterHop, qui promeut une utilisation éthique du numérique dans la santé. L’asso s’inquiète aussi de « la gestion des accès » au dossier, qui sera « illimitée » pour les médecins traitants, sans contrôle possible. Une zone d’ombre s’y ajoute : « Dans quelle mesure les ingénieurs chargés de la maintenance du site y auront accès ? » s’interroge l’avocate.
Selon le collectif féministe spécialisé sur le handicap Les Dévalideuses, on peut également « craindre que les problématiques de santé mentale deviennent une excuse pour expliquer certains symptômes » et mènent à de mauvais diagnostics. Et les personnes trans pourraient subir des coming out forcés via leur dossier, s’inquiète le média trans XY. Il est en plus possible que des sites privés (comme Doctolib) soient un jour « intégrés » à cet outil, « sans que l’on ait de précision sur le cadre réglementaire », note Juliette Alibert. Enfin, le consentement des patient·es à créer cet espace est présumé d’office, sauf s’ils·elles s’y opposent six semaines au plus tard après réception d’un mail ou d’un courrier d’invitation, soit courant mars.