Dans les colonnes de Paris Match, ce jeudi 11 avril, le médiatique urgentiste Patrick Pelloux fait l’objet d’accusations de remarques sexistes et de harcèlement sexuel. Il les conteste.
Dans son dernier livre, Les femmes sauveront l’hôpital, paru en octobre 2023, la chercheuse et infectiologue Karine Lacombe se souvenait du “regard concupiscent” et “des mains baladeuses d’un des médecins seniors à la réputation de don Juan bien établie”, lors de son passage à l’hôpital Saint-Antoine en 2003. Elle révèle, ce jeudi 11 avril, dans les colonnes de Paris Match l’identité de ce dernier : Patrick Pelloux. L’hebdomadaire consacre une enquête à ce dernier et révèle par ailleurs deux condamnations pour violences sexistes et sexuelles d’autres pontes de l’hôpital public.
“Oui, c’est bien lui dont il s’agit. Je ne l’ai pas cité parce que je voulais montrer le système dans lequel se déroulaient les études de médecine, très viril, très sexué et l’universalité de la question”, précise-t-elle au magazine. Dans les pages de son livre, la cheffe de service hospitalier des maladies infectieuses à l’hôpital Saint-Antoine affirme que le médiatique urgentiste arrivait en lançant “Alors, les poulettes, ça piaille pas beaucoup dans ce poulailler !” ou qu’il aurait dit “dans une totale impunité” à une femme : “Tu fais la gueule, tu as été mal baisée hier soir ?”
Karine Lacombe écrit qu’il aurait aussi, un jour, saisi “par le cou” une interne qui se trouvait de dos avant de frotter “son bas-ventre contre elle”. “Mmm, te mets pas comme ça, c’est trop tentant, putain ce qu’il fait chaud !” lui aurait-il alors lancé. Elle assure avoir éconduit les avances de Patrick Pelloux, ce qui aurait transformé “les tentatives de séduction par un ostracisme patent et plusieurs épisodes d’humiliation”. “Les ingrédients du harcèlement sexuel et moral se trouvaient réunis ici, résume-t-elle. Un harceleur paré de toutes les marques de virilité, hâbleur, débordant d’assurance grâce à son poste à responsabilités, au contact permanent de femmes [… ] ; et une victime, avec des failles, une peur d’être déclassée et mise hors jeu du grand cirque dont la communauté médicale prenait parfois l’allure.”
"J'ai plutôt été le mec qui a protégé les filles"
Pendant la pandémie de Covid-19, Karine Lacombe raconte avoir recroisé Patrick Pelloux. Ce dernier lui aurait alors dit : “À cette époque, tu sais comment c’était, on n’avait pas le même rapport au sexe, et puis c’était pour rigoler, moi j’ai toujours été fidèle, j’ai plutôt été le mec qui a protégé les filles. Tu sais, il y a eu des viols, heureusement, moi, j’étais là, j’ai aidé la victime.” Avant de conclure : “Avec #MeToo, on ne peut plus rien faire, de toute façon !” Cette anecdote, elle l’avait racontée auprès de Ouest-France, au moment de la sortie de son livre, en anonymisant l’urgentiste, qu’elle qualifiait alors de “prédateur sexuel”.
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Contacté par Paris Match, Patrick Pelloux réfute. “Karine Lacombe a sorti ça dans un livre ? Mais qu’est-ce qui lui a pris ? Alors là, je suis sur le cul. Putain, je vais être obligé de lui coller un procès…”, commence-t-il, avant d’affirmer n’avoir “jamais agressé personne”. “On était trop grivois comme on l’était alors, voilà. Ce que nous disions et ce que nous faisions est infaisable aujourd’hui, c’est sûr. Mais on rigolait bien !” Il nie, enfin, que son harcèlement sexuel présumé ait été à l’origine de son départ des urgences de Saint-Antoine en 2008.