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Patrick Pelloux en 2011, © Wikimedia Commons / Coyau

#MeToo à l’hôpital : le com­por­te­ment de l’urgentiste Patrick Pelloux mis en cause

Dans les colonnes de Paris Match, ce jeu­di 11 avril, le média­tique urgen­tiste Patrick Pelloux fait l’objet d’accusations de remarques sexistes et de har­cè­le­ment sexuel. Il les conteste.

Dans son der­nier livre, Les femmes sau­ve­ront l’hôpital, paru en octobre 2023, la cher­cheuse et infec­tio­logue Karine Lacombe se sou­ve­nait du “regard concu­pis­cent” et “des mains bala­deuses d’un des méde­cins seniors à la répu­ta­tion de don Juan bien éta­blie”, lors de son pas­sage à l’hôpital Saint-​Antoine en 2003. Elle révèle, ce jeu­di 11 avril, dans les colonnes de Paris Match l’identité de ce der­nier : Patrick Pelloux. L’hebdomadaire consacre une enquête à ce der­nier et révèle par ailleurs deux condam­na­tions pour vio­lences sexistes et sexuelles d’autres pontes de l’hôpital public.

“Oui, c’est bien lui dont il s’agit. Je ne l’ai pas cité parce que je vou­lais mon­trer le sys­tème dans lequel se dérou­laient les études de méde­cine, très viril, très sexué et l’universalité de la ques­tion”, précise-​t-​elle au maga­zine. Dans les pages de son livre, la cheffe de ser­vice hos­pi­ta­lier des mala­dies infec­tieuses à l’hôpital Saint-​Antoine affirme que le média­tique urgen­tiste arri­vait en lan­çant “Alors, les pou­lettes, ça piaille pas beau­coup dans ce pou­lailler !” ou qu’il aurait dit “dans une totale impu­ni­té” à une femme : “Tu fais la gueule, tu as été mal bai­sée hier soir ?”

Karine Lacombe écrit qu’il aurait aus­si, un jour, sai­si “par le cou” une interne qui se trou­vait de dos avant de frot­ter “son bas-​ventre contre elle”. “Mmm, te mets pas comme ça, c’est trop ten­tant, putain ce qu’il fait chaud !” lui aurait-​il alors lan­cé. Elle assure avoir écon­duit les avances de Patrick Pelloux, ce qui aurait trans­for­mé “les ten­ta­tives de séduc­tion par un ostra­cisme patent et plu­sieurs épi­sodes d’humiliation”. “Les ingré­dients du har­cè­le­ment sexuel et moral se trou­vaient réunis ici, résume-​t-​elle. Un har­ce­leur paré de toutes les marques de viri­li­té, hâbleur, débor­dant d’assurance grâce à son poste à res­pon­sa­bi­li­tés, au contact per­ma­nent de femmes [… ] ; et une vic­time, avec des failles, une peur d’être déclas­sée et mise hors jeu du grand cirque dont la com­mu­nau­té médi­cale pre­nait par­fois l’allure.”

"J'ai plu­tôt été le mec qui a pro­té­gé les filles"

Pendant la pan­dé­mie de Covid-​19, Karine Lacombe raconte avoir recroi­sé Patrick Pelloux. Ce der­nier lui aurait alors dit : “À cette époque, tu sais com­ment c’était, on n’avait pas le même rap­port au sexe, et puis c’était pour rigo­ler, moi j’ai tou­jours été fidèle, j’ai plu­tôt été le mec qui a pro­té­gé les filles. Tu sais, il y a eu des viols, heu­reu­se­ment, moi, j’étais là, j’ai aidé la vic­time.” Avant de conclure : “Avec #MeToo, on ne peut plus rien faire, de toute façon !” Cette anec­dote, elle l’avait racon­tée auprès de Ouest-​France, au moment de la sor­tie de son livre, en ano­ny­mi­sant l’urgentiste, qu’elle qua­li­fiait alors de “pré­da­teur sexuel”.

À lire aus­si I Docteures queens : les femmes méde­cins contre l’esprit carabin

Contacté par Paris Match, Patrick Pelloux réfute. “Karine Lacombe a sor­ti ça dans un livre ? Mais qu’est-ce qui lui a pris ? Alors là, je suis sur le cul. Putain, je vais être obli­gé de lui col­ler un pro­cès…”, commence-​t-​il, avant d’affirmer n’avoir “jamais agres­sé per­sonne”. “On était trop gri­vois comme on l’était alors, voi­là. Ce que nous disions et ce que nous fai­sions est infai­sable aujourd’hui, c’est sûr. Mais on rigo­lait bien !” Il nie, enfin, que son har­cè­le­ment sexuel pré­su­mé ait été à l’origine de son départ des urgences de Saint-​Antoine en 2008.

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