Yannick Morez, le maire de Saint-Brevin-les-Pins (Loire-Atlantique), démissionne de son mandat, sur fond de contestation violente contre le projet de construction d'un Centre d'accueil de demandeur·ses d'asile (Cada) dans sa commune.
Il avait tenu bon. Jusqu'à aujourd'hui. Yannick Morez, le maire de Saint-Brevin-les-Pins (Loire-Atlantique), a remis sa lettre de démission au préfet mardi, a‑t-il révélé à Ouest France ce jeudi. En cause, l'incendie criminel de son domicile, le 22 mars dernier, ainsi que les nombreux tracts menaçants reçus dans sa boîte aux lettres, contre le projet de construction d'un Centre d'accueil de demandeur·ses d'asile (Cada). Depuis des mois, l'extrême droite agite la colère des habitant·es sur le sujet.
« Ma femme et mes trois enfants ne souhaitent plus que je continue mon mandat de maire, a expliqué l'élu au quotidien. On aurait pu mourir intoxiqués dans cet incendie. Aujourd’hui, mon épouse a peur de croiser la personne qui a fait ça en faisant ses courses. » Avec sa famille, celui qui est aussi médecin généraliste a pris la décision de quitter Saint-Brevin une fois que les travaux de leur maison seront terminés. « Nous quittons la commune où nous vivons depuis trente-deux ans », a‑t-il ajouté.
Car Yannick Morez est aussi attaqué dans l'espace public. Récemment, lors d'un verre en terrasse, avec son fils et son petit-fils, ils ont été alpagués par un opposant au Cada.
« Un gâchis orchestré par une minorité »
Roch Chéraud, vice-président de la communauté de communes Sud estuaire et président des Maires ruraux de Loire-Atlantique, estime auprès de Ouest France que cette démission est « un gâchis orchestré par une minorité, dont la plupart sont extérieurs à la commune ». Avant d'ajouter : « Ce cas est symptomatique de ce qui nous attend à brève échéance et de façon plus massive si l’État ne fait pas plus attention aux maires et aux élus. »
Mercredi soir, à l'Assemblée nationale, une partie de l'hémicycle s'est levée pour rendre hommage à Yannick Morez, à l'exception notable des député·es RN. Dans un article, Ouest France souligne que si le collectif qui s'oppose à l'implantation du Cada se disait apolitique et non-affilié, il avait néanmoins vanté la présence à un rassemblement sur un tract de Gilbert Collard, président d’honneur de Reconquête, le parti d'Éric Zemmour. Une lettre de soutien de l'ancien polémiste a aussi été récemment postée sur la page Facebook du groupe.
À son arrivée à La Réunion ce jeudi matin, Élisabeth Borne a assuré le maire de « tout son soutien », affirmant que ce qu'il s'était produit était « très choquant », selon des images diffusées sur BFMTV. La première ministre a indiqué que Dominique Faure, la ministre en charge des Collectivités territoriales, a contacté Yannick Morez. « Cela montre notre volonté de mieux protéger les maires, de répondre plus efficacement quand il y a des menaces, ça répond à une vraie problématique, a‑t-elle affirmé. Avec Gérald Darmanin et Dominique Faure, on va continuer à renforcer notre action pour intervenir plus tôt, pour soutenir les maires, repérer leurs difficultés et mieux les accompagner face à des violences dont ils peuvent parfois être victimes. » Emmanuel Macron a également qualifié sur Twitter les attaques contre l'élu d'« indignes », apportant « [sa] solidarité et celle de la Nation »