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©Alexander Wende

L’État condam­né pour atteinte à la liber­té d’expression après la cen­sure d'une librai­rie féministe

Le tri­bu­nal admi­nis­tra­tif de Nice a condam­né l’État pour atteinte à la liber­té d’expression ce lun­di 26 juin, six mois après que la vitrine de la librai­rie niçoise Les Parleuses ait été recou­verte d’un drap noir par des policier·ières à l’occasion d’une visite de Gérald Darmanin.

En décembre der­nier, la vitrine de la librai­rie fémi­niste niçoise Les Parleuses avait été recou­verte d’un drap noir par des policier·ières lors d’une visite du ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin. En cause, des col­lages fémi­nistes col­lés à l’intérieur de la vitrine. L’affaire avait alors fait scan­dale et les deux libraires des Parleuses avaient sai­si la jus­tice. Six mois plus tard, l’action des forces de l’ordre est désor­mais jugée illé­gale par la jus­tice, rap­porte Libération. Le tri­bu­nal admi­nis­tra­tif de Nice a en effet condam­né l’État pour atteinte à la liber­té d’expression ce lun­di 26 juin. 

« En l’absence de toute menace à l’ordre public, la déci­sion de pro­cé­der à l’occultation de la vitrine en cause, consti­tuait une déci­sion illé­gale por­tant atteinte à la liber­té d’expression de nature à enga­ger la res­pon­sa­bi­li­té de l’État », a consi­dé­ré le tri­bu­nal admi­nis­tra­tif, rap­porte Libération. Il condamne ain­si l’État à ver­ser 1 000 euros pour pré­ju­dice moral à la librai­rie Les Parleuses et 1 000 euros pour indem­ni­ser les frais de justice. 

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Même déci­sion en ce qui concerne Hélène Devynck. La jour­na­liste, dont le livre, Impunité, était par­ti­cu­liè­re­ment mis en avant dans la vitrine, avait éga­le­ment por­té l’affaire devant la jus­tice afin de faire recon­naître « l’illégalité » de la cen­sure de la vitrine. 

Hélène Devynck dont le livre retrace l'histoire des femmes accu­sant PPDA de vio­lences sexuelles a réagi ce mar­di matin sur Twitter : « Une gifle pour Gérald Darmanin. Il a fait condam­ner l’état pour avoir cen­su­ré mon livre et la librai­rie les Parleuses de Nice. Lutter contre l’impunité des vio­leurs, c’est David contre Goliath. Les vic­toires sont rares et savoureuses. »

À lire aus­si I Nice : la jus­tice sai­sie après la cen­sure de col­lages fémi­nistes lors de la venue de Gérald Darmanin

Les deux libraires se sont réjouies, elles-​aussi, de la déci­sion de jus­tice. « Au-​delà de notre petit cas per­son­nel, c’est une recon­nais­sance sym­bo­lique. Le pro­pos c’est de dire : “On ne détourne pas les forces de police parce qu’un mes­sage déplaît au minis­tère” », a réagi Anouk Aubert auprès de Libération. Sur la vitrine de la librai­rie et les murs atte­nants, on pou­vait en effet lire : « Qui sème l’impunité récolte la colère », « Victimes, on vous croit. Violeurs, on vous voit » ou « Sophie, on te croit . Un mes­sage en réfé­rence à l’accusation de viol por­tée par Sophie Patterson-​Spatz à l’encontre de Gérald Darmanin. 

Pour rap­pel, elle avait accu­sé le ministre de l’Intérieur de lui avoir deman­dé une rela­tion sexuelle en échange de son sou­tien dans une affaire judi­ciaire en 2009. La Cour d’appel de Paris a confir­mé, mar­di 24 jan­vier, le non-​lieu pro­non­cé en juillet der­nier en faveur de Gérald Darmanin. Elle a annon­cé par la voix de son avo­cate, Me Élodie Tuaillon-​Hibon, se pour­voir en cassation. 

À lire aus­si I Censure d'une librai­rie fémi­niste lors de la venue de Gérald Darmanin à Nice

En ce qui concerne la cen­sure de la librai­rie, le minis­tère de l’Intérieur esti­mait dans sa défense que « la mesure de dis­si­mu­ler pen­dant une heure et quart la vitrine en cause était une mesure de police admi­nis­tra­tive adap­tée et pro­por­tion­née en rai­son des risques de troubles à l’ordre public », rap­porte Libération. Le minis­tère consi­dé­rait aus­si que « les affiches avaient pour objet de por­ter atteinte à [la] répu­ta­tion et à [l’]honneur » de Gérald Darmanin et qu’il y avait un risque de « com­mis­sion du délit de dif­fa­ma­tion ».

L’avocate des libraires des Parleuses a de son côté annon­cé à Libération sa volon­té de pour­suivre ce recours sur le fond du dos­sier « pour savoir si on est dans le détour­ne­ment de pou­voir ou pas ». « La pro­cé­dure qui vien­dra vise à obte­nir confir­ma­tion qu’il s’agit bien d’un acte illé­gal et de déter­mi­ner qui est l’auteur de l’acte illé­gal », a‑t-​elle expliqué.

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